Quand on parle de TDAH, on a tendance à insister beaucoup sur les impacts sur la performance scolaire ou, à l’occasion, sur la performance au travail. On parle aussi un peu de comment ce trouble affecte notre organisation dans la vie quotidienne, comment on peut avoir de la difficulté à arriver à l’heure, à s’organiser, à tenir son espace en ordre, etc. Cependant, on parle très peu des impacts des symptômes de TDAH sur la vie sociale. J’ai reçu récemment mon diagnostic de TDAH et, bien que ma condition affecte évidemment mon travail, ce sont les effets sur mes relations humaines que je trouve plus difficiles à gérer. Afin de démystifier la situation, j’ai décidé de dresser une liste de ce qui m’affecte le plus dans les interactions avec mon entourage ; bien sûr, l’expérience de chaque personne est différente et je parle de ce qui ressort de la mienne, mais j’ai constaté que ces problèmes étaient assez répandus chez les personnes ayant un TDAH.
1. J’ai l’air de ne pas me soucier des gens autour de moi
Je me suis souvent fait dire que je semblais ne pas m’intéresser à la vie des autres, voire que je semblais être très centrée sur moi-même. Et je comprends pourquoi : je pose très peu de questions aux gens, j’oublie de demander des nouvelles, j’ai tendance à couper la parole, etc. Par contre, le fait que je ne pose que très peu de questions aux autres ne veut pas dire que je ne suis pas intéressée, même si c’est souvent interprété comme ça. C’est juste que j’oublie, ou que je m’emporte sur un sujet qui m’apparaît saillant à ce moment-là. S’il se passe quelque chose d’important dans la vie d’un.e ami.e, cependant, je serai la première à être toute énervée!
2. Mon degré d’attention est irrégulier
En discutant avec d’autres personnes ayant un TDAH, j’ai réalisé qu’il était commun pour nous d’avoir des intérêts qui viennent par « phases ». C’est aussi le cas avec les personnes de notre entourage. Dans mon cas, je peux devenir tout à coup très proche d’une personne et lui parler constamment, puis, pour aucune raison, diminuer du jour au lendemain les interactions. Cela ne veut pas dire que j’apprécie moins la personne pour autant, c’est vraiment une question d’attention. Et justement, mon attention est très volatile! J’essaie de faire attention parce que je sais que c’est difficile à vivre pour les gens autour de moi, mais ce n’est vraiment pas facile. Je serais curieuse de lire des études à ce sujet, mais sur la base des témoignages que j’ai pu lire et entendre, il semble que ce soit une expérience assez répandue.
3. Ma capacité à faire des plans laisse à désirer
J’ai énormément de difficulté à faire des plans, pour toutes sortes de raisons. J’ai bien évidemment de la difficulté à me rappeler ce que j’avais prévu et je me mélange très souvent. Aussi, en bonne personne TDAH, j’ai tendance à avoir deux millions d’idées de projets qui « seraient le fun », mais je finis par être incapable de les mettre à exécution. Donc, je suis la fille qui dit toujours « il faudrait », mais qui n’organise presque rien. Aussi, puisque je lance des idées aux quatre vents, je me ramasse à avoir des périodes beaucoup trop occupées où j’ai mal estimé mon niveau d’énergie, et je finis parfois par devoir annuler ou modifier des plans.
4. Avoir une conversation avec moi est un défi
Fait cocasse, je me suis souvent fait dire par des dates que j’étais difficile à suivre, parce que je changeais toujours de sujet. Je pars sur des parenthèses, qui m’amènent à une tangente, et quelques secondes plus tard, je suis rendue dans un tout autre sujet alors que je n’ai jamais fini mon idée initiale. Aussi, comme je l’ai dit, j’ai tendance à interrompre, alors j’essaie de faire attention. Mais il faut savoir que tout ce qui est autour de moi peut devenir un sujet de conversation inusité. Je travaille très fort sur mon écoute!
5. Je suis perdue environ 99,9 % du temps
Je me perds tout le temps littéralement (je prends fréquemment la mauvaise ligne de métro ou la mauvaise direction), mais aussi métaphoriquement. Il est très fréquent que, étant dans la lune, je ne reconnaisse pas une personne que j’aurais dû reconnaître, ou que je ne la reconnaisse que plusieurs minutes plus tard. J’oublie souvent les noms des gens, même celleux que j’apprécie énormément. Des fois, je fais semblant que j’ai compris ce que l’autre personne a dit, mais en fait je n’ai rien compris. Je suis tellement dans la lune que des choses extrêmement évidentes peuvent me passer complètement sous le nez sans que j’en aie conscience. Encore une fois, ça peut me donner l’air de n’en avoir rien à cirer des autres.
Bien que je trouve tous ces désagréments difficiles à vivre, je veux vraiment faire attention de ne pas utiliser le TDAH comme une excuse pour laisser passer tous mes comportements qui, je le sais, peuvent parfois être blessants. Par contre, je pense que c’est important d’en parler pour limiter les malentendus et pour démystifier un trouble qui, somme toute, demeure assez incompris.