Dans les derniers jours, on m’a annoncé d’une façon merveilleusement dramatique que des amis de mon entourage seront bientôt parents.
Après qu’on m’ait mise au courant, la future maman et moi avons jasé de son annonce officielle (que j’ai malheureusement manquée) et de la réaction des gens. Une annonce comme ça, c’est juste du bonheur, mais pourtant, un petit quelque chose de plus flottait dans l’air.
Certaines personnes ont exprimé de la peur, la peur du changement. Ça y est, plus de souper jusqu’à tard entre amis et de plans faits à la dernière minute. Pour les personnes qui sont comme moi et ne sont pas pressées d’être parents, ça ajoute une pression. Est-ce que c’est un départ et que toutes les autres vont suivre? Vais-je être la seule à ne pas vivre la même réalité?
Elle m’a aussi dit que d’autres ont pleuré avec une intensité imprévue. De joie oui, mais d’autre chose aussi. De quoi, nous nous sommes demandées? En y pensant bien, j’ai peut-être trouvé l’une des raisons, mais j’ai surtout clarifié ce que moi je ressentais…
Je suis tellement heureuse pour eux, mais j’avais aussi une drôle de sensation dans le creux de mon ventre. Oui, j’ai 26 ans, un chum qui en a 30, une maison et une job steady, mais je crois que dans mon cœur, je me situe plus proche de cette période de ma vie où j’étais insouciante, naïve, sur la go et, surtout, une adulescente. Ça m’a fait prendre un coup de vieux. Je suis plus proche de changer mes premières couches que de me faire prendre avec une fausse carte dans un bar. Ça me confronte aussi au regard des autres, comment je percevais les filles de 26 ans lorsque j’en avais 16. Je sais bien que l’âge, c’est dans la tête, mais les REER et les bébés, c’est dans la vraie vie.
Dépendamment à qui je me compare (t’sais, l’affaire à ne pas faire), je me sens souvent à cheval entre deux mondes. Si je me compare aux amis qui sont encore aux études et qui vivent à fond leur vie universitaire, je me sens comme une vieille madame. Quand je me compare aux autres, souvent plus jeunes que moi, qui ont déjà le package maison-chien-enfants depuis longtemps, je me demande si je suis en train de passer à côté de ce que devrait être cette période de ma vie. Pourtant, j’aime mon emploi et je ne m’étais jamais imaginé avoir des enfants avant 30 ans. D’où est-ce que cette crainte de ne pas être au bon endroit me vient?
Dans la tête de la majorité des gens, il aurait été normal que je « parte en famille » il y a deux ans, lorsque nous avons acheté notre maison. Ben non, même pas proche. J’aime jouir de ma liberté et de la quasi-stabilité que j’ai acquise avec le temps. Je me suis même inscrite pour la première fois à l’université (pendant que mon chum est retourné à l’école à temps plein), pour vous dire à quel point mes aspirations sont loin des bébés pour l’instant (quoiqu’on puisse combiner les deux, si on veut!).
Le temps passe vite! J’ai les mêmes amis depuis mon entrée au secondaire et je crois que je ne nous ai pas vus vieillir. On est où nos choix respectifs devaient nous mener, mais je suis comme tout le monde, l’inconnu me fait peur et je ne connais rien au monde des jeunes familles.
En fait, j’ai encore l’impression que je ne connais rien et, quand je réalise ça, je me dis que je suis aussi bien de laisser la vie suivre son cours.