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​Le système judiciaire et les victimes d’agression sexuelle

Notre système judiciaire demeure l’un des plus efficaces et impartiaux qui soit. Peut-être que certain.e.s ne seront pas d’accord avec moi, et je le comprends. C’est parfois difficile de le penser quand on voit des agresseurs d’enfants s’en sortir avec 2 ans de prison, ou quand il y a acquittement malgré un dossier de preuves bien monté.

Au fond, ce système n’est pas parfait, mais il a beaucoup de bons côtés. L’un des plus fondamentaux est la présomption d’innocence. Sans dire que je détiens la vérité absolue, je peux quand même vous assurer que l’introduction de ce concept dans la justice a tout changé. À travers l’Histoire, on ne peut pas compter toutes les fois où des gens (hommes, femmes, enfants) ont été emprisonnés, torturés et exécutés sans autre preuve que le ou les témoignages de certaines personnes. Le cas des chasses aux sorcières est celui qui nous vient le plus souvent en tête, mais il y en a eu tellement d’autres…C’est en raison de la formation que j’ai que je défends cette présomption d’innocence. Elle nous sert à éviter qu’un.e innocent.e soit condamné.e sans preuve ou sans doute raisonnable.

Cela dit, comme le spécifie la députée Véronique Hivon, lorsque le système judiciaire a été créé, la question des agressions sexuelles n’était pas encore très développée. D’ailleurs, ce n’est que récemment que l’on a étendu ce terme à un ensemble d’actes répréhensibles de nature sexuelle.
Le système de justice peut encore s’améliorer si notre société, par le biais des instances politiques, le veut vraiment et milite pour des changements. À ce propos, je salue la proposition de la députée et vice-chef du Parti Québecois Véronique Hivon. Créer une Chambre dédiée uniquement aux agressions sexuelles et à la violence conjugale à la Cour du Québec serait probablement un véritable moyen de rendre le processus judiciaire plus acceptable, du dépôt de la plainte jusqu’à la fin d’un procès. Tous les différent.e.s professionnel.le.s pourraient ainsi mieux répondre aux plaintes. Même que ça devrait aussi inclure une formation plus poussée pour les différents corps de police, afin qu’ils soient mieux préparés à monter un dossier pour agression sexuelle. Cela dit, je ne suis pas une experte en droit. Peut-être qu’une autre solution pourrait être proposée, mais il est clair qu’il doit y avoir des changements au niveau du système judiciaire pour les cas d’agression sexuelle.

Parce que ce n’est pas normal que les victimes aient peur d’aller dénoncer ce qu’elles ont subi à la police. Pas normal que le processus judiciaire soit aussi long et qu’il décourage les victimes dès les premiers instants.

J’ai ce message pour les victimes : quoi que votre entourage ou même votre propre conscience vous dise, ce n’est pas de votre faute. Vous seriez nu.e et saoul.e la nuit dans une ruelle à Montréal que ça ne donnerait pas le droit à quiconque de vous agresser. Point barre. Et le système judiciaire ne devrait JAMAIS faire sentir à la victime présumée qu’elle l’a cherché.

Prenons le cas d’un bijoutier qui se serait fait voler de la marchandise dans sa boutique parce qu’il aurait oublié de mettre son système d’alarme. Est-ce que la police lui dirait : « C’est votre faute Monsieur, parce que vous n’avez pas mis votre alarme? » Non. Parce qu’il n’est pas responsable de la criminalité de certaines personnes qui « sautent sur l’occasion ». C’est la même chose pour les agressions sexuelles ou la violence conjugale.

Et de grâce (je lance ce message à l’Univers), il faut ABSOLUMENT ramener les cours d’éducation sexuelle et sociale à l’école. Au primaire et au secondaire. Les parents devraient aussi en parler. C’est essentiel que nos enfants apprennent que leur intégrité physique est importante. Qu’iels peuvent refuser tout contact physique s’ils sont mal à l’aise. Et qu’ils ne doivent jamais se sentir coupables ou honteux.ses d’avoir subi une quelconque agression physique ou verbale de la part d’une autre personne. Par contre, ça va aussi dans l’autre sens. Nos enfants doivent apprendre à respecter les autres. Leurs propres désirs ne doivent pas être plus importants que les désirs des autres. Déjà, si on réussit comme société à intégrer ces valeurs, on aura déjà beaucoup moins d’agressions sexuelles et de violence conjugale. Sans vouloir être pessimiste, je crois qu’il restera toujours des pervers narcissiques ou des psychopathes. Par contre, si les agressions et la violence qu’ils commettent ne restent pas impunies, alors ce sera plusieurs pas dans la bonne direction.

À lire aussi, cet article pertinent de Radio-Canada.

Parce qu'il faut que ça change!

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