Ça faisait longtemps déjà, je l’avoue, que j’avais abandonné. Pourtant, d’ordinaire, je suis une battante, mais là, je n’y croyais plus. J’étais désillusionnée, usée par le monde moderne, par les tentatives de relations au temps du numérique, par les hommes qui donnent mauvaise réputation à l’amour. (Merci Bon Jovi!) En fait, j’étais résignée et parfaitement convaincue que le grand amour, ce n’était pas pour moi ; j’étais sûre et certaine que les frissons et les papillons demeuraient réservés aux autres.
Après être passée par plusieurs relations difficiles, comme de nombreuses personnes de ma génération malheureusement (et sûrement d'autres générations aussi!), j'ai peu à peu laissé mon cœur se fermer jusqu'à être persuadée que seul un incroyable miracle parviendrait à le rouvrir. On m'a trompée, manipulée, laissée par texto (WTF?), menti, trahie… et ce n'est qu'un court résumé. Je ne suis pourtant pas naïve ; je me considère même intelligente et allumée comme fille, mais parfois l'envie d'y croire et le désir d'aimer sont plus forts que la méfiance. Et à force, la confiance se fane, comme une fleur qu'on tient éloignée de la lumière.
Puis, un jour, j’ai lâché prise. Après avoir traversé le cap de la trentaine et passé plus d’un an à réfléchir à tout ça, à apprivoiser le fait que je ne serais peut-être jamais la princesse de conte de fées qui rencontre son prince charmant et que je ne connaîtrais peut-être jamais le happy ending du genre « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », j’ai choisi de laisser aller. J’ai simplement accepté. J'en ai aussi parlé à maman, de mon deuil, de mon acceptation, du possible fait que sa seule fille ne soit jamais maman à son tour. Ça fait du bien, d'avoir l'approbation de sa maman.
C’est exactement là que la vie a décidé de me surprendre, au moment précis où je me suis dit que j’étais bien comme ça, quand j’ai finalement choisi de tomber amoureuse de moi avant tout, c’est là que « le mien » est apparu dans ma vie, celui qui rallume en moi ce qui semblait définitivement éteint, qui insuffle de la magie dans mon existence et qui colore la pâleur de l'ordinaire.
Évidemment, mon conte de fées n’est pas parfait. Je suis loin d’être la douce princesse en robe de cupcake qui patiente en haut de sa tour : je suis une femme assumée et fonceuse, qui agit plus qu’elle ne rêvasse #NotReallyAPrincess. Quant à lui, mon homme, même s'il est charmant, n’est pas le prince type dont l’unique mission est de sauver sa princesse du méchant dragon — de toute manière, je n'ai besoin de personne pour lui botter les fesses, au cracheur de feu. Non, mon chéri a besoin d’évasion et part souvent réaliser ses propres quêtes dans le Nord, longtemps et trop souvent.
La distance, bien que souvent romancée dans les plus grandes histoires d'amour comme celle César et Cléopâtre, est un aspect plutôt éprouvant, dans la réalité. Plusieurs tiennent pour acquis le fait de se réveiller aux côtés de leur amoureux ou de leur amoureuse chaque matin ; ils ne sont pas conscient.e.s de la grande valeur de cette simple chance. Comme je vis la moitié du temps loin de celui que j'aime, j'ai soif de sa présence à tout instant et chaque jour qui se lève alors que je suis auprès de lui est un véritable cadeau. Je le réalise. Il le réalise aussi. Ça, c'est plus qu'un cadeau.
Malgré tout, quels que soient les obstacles qui se dressent sur le chemin que mon prince et moi traçons ensemble, je ne l’échangerais pour rien au monde, mon histoire. C’est le plus beau conte que j’aie jamais lu. C’est le mien et c’est dans son imperfection que s’incarne toute sa beauté.