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Parents divorcés : mon petit bilan
Crédit: Steve Halama/Unsplash

L’autre jour, je suis allée voir Jusqu’au sang ou presque aux Écuries. Je savais que cette pièce de théâtre mettrait en scène une belle-mère et tous les préjugés qui s’y rattachent. J’étais loin de me douter que je pleurerais et que le sujet viendrait toucher une corde aussi sensible.

C’est que nous, enfants du divorce, nous sommes conscients de notre impuissance sur la vie de nos parents très tôt dans nos vies. On sait que même si on est les plus gentil.le.s, les meilleur.e.s à l’école, les plus sages, nos parents ne reviendront pas ensemble. On sait que leur décision leur appartient et que nous n’avons pas de pouvoir là-dessus. Et j’ai l’impression que ça nous fait vite comprendre qu’on ne pourra pas tout décider dans la vie. On n’a pas le choix de s’ouvrir à des étranger.ère.s et de les aimer. Parce qu’on aime nos parents, on veut leur faire plaisir et aimer leur nouveau.elle compagne.on de vie. Et ça, c’est vraiment dur. Parce que dans nos petits cœurs d’enfants, on garde toujours l’espoir de revoir nos parents ensemble, unis et amoureux. Ce n’est pas contre les personnes, c’est juste que d’accepter les copin.e.s de nos parents, c’est faire le deuil de notre rêve de les revoir ensemble. Pis c’est aussi prendre conscience d’une situation où on est impuissant.e.

La douleur d’abandonner un parent une semaine pour se rendre chez l’autre parent est vive. Ce n’est vraiment pas facile, quand on est petit.e, de se faire à l’idée qu’on ne se sentira jamais tout à fait complèt.e, tout à fait en sécurité et tout à fait bien. Parce qu’il manquera toujours un bout de nous, de notre confort.

Il y a aussi tous les mini-deuils qu’on vit en série et dont on ne parle jamais : ne pas avoir nos vêtements ou jouets préférés en tout temps, accepter que notre garde-robe sera une valise jusqu’à ce qu’on quitte cette situation, ne plus avoir de contact avec des personnes auxquelles on s’est attaché à cause d’une séparation, avoir une vie compliquée qui fait qu’on doit demander à quatre personnes si c’est possible d’aller dormir chez des ami.e.s un vendredi, changer de façon de s’alimenter de semaine en semaine, ne pas avoir la même liberté d’un endroit à l’autre, et la liste continue.

Mais le divorce de mes parents a eu du positif aussi. J’ai grandi avec des parents heureux, qui ont choisi leur bonheur et de s’épanouir au lieu de s’investir dans une relation qui ne leur convenait plus. J’ai vu mes parents oser se lancer des défis, partir à la rencontre d’un.e possible être aimé.e, foncer dans un mur, se relever et surtout, me partager leurs apprentissages par rapport à ce parcours en montagne russe qu’est la vie. J’ai aussi eu la chance de pouvoir développer deux relations très fortes avec mes parents, car la garde partagée nous fait vite comprendre que le temps est précieux et qu’il faut en profiter.

J’arrive au bout de mon deuil et j’accepte que ce soit une décision qui ne m’a jamais appartenue, mais qui m’a toujours affectée. C’est comme ça, et je crois que la situation est mieux ainsi. Petit à petit, on devient confortable dans ce mode de vie, et on vient à le trouver pas mal sympa. Pas parfait, mais c'est le nôtre. Cette épreuve m’a permis d’être la femme que je suis et je pense qu’elle m’a apporté beaucoup de positif, malgré tout.

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