La délinquance sexuelle et le féminisme, deux domaines qui semblent ne pas s’agencer si bien. Pourtant, ces deux sujets me passionnent et m’interpellent, ce qui est malaisant et heurtant, par moments. Ils sont, dans ma vie, une source fréquente de remise en question.
Lorsque la criminologie rencontre le féminisme…
Dans mes premiers cours de criminologie abordant la délinquance sexuelle, je fus choquée, outrée, dégoûtée par des propos et des comportements sexistes misogynes. Le genre de comportements qui fait rouler des yeux instantanément, le même genre qui vous fait pleurer et vomir dans votre bouche… Vous voyez le genre!
Je me suis souvent sentie révoltée (avec raison). Ce type de délinquance ne laisse personne de glace, tout le monde y réagit, généralement les gens trouvent ça écœurant. Ces comportements venant se heurter à mes valeurs féministes, mon intérêt envers la délinquance sexuelle s’est donc intensifié ; j’aspire à la maîtrise en criminologie. Je m’intéresse à cette clientèle, car elle est marginalisée et que tenter de comprendre leur passage à l’acte m’intrigue et me passionne. J’aimerais approfondir mes compétences et connaissances en intervention auprès de ces personnes afin de les aider. Or, je me suis demandé, à plusieurs reprises, si cela était contradictoire avec mes valeurs féministes.
À mon avis, je ne crois pas que cela fait de moi de quelqu’un moins féministe. Mes valeurs sont toujours présentes, sinon plus. Elles se clarifient et s’intensifient constamment. Je crois sincèrement que la prise en charge thérapeutique des délinquants favorise la réinsertion sociale et réduit le risque de récidive. Ma volonté de réduire le risque de récidives chez les délinquants sexuels et du même coup le nombre d’agressions est une mise en application de mes valeurs. Les études en délinquance sexuelle permettent d’expliquer le passage à l’acte sexuel de ces délinquants, mais ne les justifient JAMAIS. Il est important de comprendre cette nuance, qui est au sein de mes études.
Par contre, je suis craintive que mes connaissances en délinquance sexuelle prennent le dessus sur mes valeurs féministes lors de discussions. Je dois faire constamment attention à ce que je dis, car expliquer les facteurs criminogènes qui favorisent le passage à l’acte peut à la fois informer les gens, mais aussi revictimiser celleux qui ont vécu une agression. Dans aucun cas je ne veux que mes paroles deviennent un outil de revictimisation ; je suis consciente de ce risque, alors je suis très attentive.
Ce n'est pas toujours simple de jongler entre criminologie et féminisme, leurs positions sont généralement similaires, mais peuvent être facilement perçues comme contradictoires. Pourtant, les crimes sexuels sont des actes illégaux, inacceptables et condamnables, autant d’un point de vue de criminologue que de féministe.