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« I, Tonya » : un beau malaise

TPL
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« I, Tonya » : un beau malaise
Crédit: Capture d'écran YouTube

C’est la saison des galas dans le monde du cinéma et parmi les films qui se démarquent, on trouve I, Tonya. Comédie sombre, biopic, le film met en vedette Margot Robbie dans le rôle-titre (et comme coproductrice) ainsi que l’excellente Allison Janney qui personnifie LaVona Fay Golden, la mère de l’olympienne déchue.
 

Crédit : Neon/YouTube

I, Tonya, c’est la version des « vilains » de l'agression contre la patineuse Nancy Kerrigan, celles contradictoires de Tonya Harding et de son ex-mari Jeff Gillooly. Pour remettre en contexte, l’attaque s’est passée au début des années 90 à l’aube des Jeux olympiques de Lillehammer et a été exécutée par des complices embauchés par Gillooly et le garde du corps de Harding.

Comme le scénario est basé sur les versions de Harding et de son ex-mari, le récit est teinté par leur perception. En gardant en tête ce biais, ça demeure tout de même intéressant de se replonger dans cette histoire qui a fait couler beaucoup d'encre à l'époque. Les médias traitaient Harding et Kerrigan comme des personnages, une vilaine et une héroïne, et ce bien avant l’attaque. 

Après avoir vu le film, il est difficile de ne pas éprouver de la sympathie à l’endroit de Tonya Harding. Que cette femme se soit rendue aux Jeux olympiques avec tous les obstacles qui ont jonché sa route depuis son enfance relève pratiquement du miracle. Issue d’un milieu très pauvre, trash, une mère violente et alcoolique, un mari qui la battait, elle était loin de l’image gracieuse de la patineuse de bonne famille que souhaitait présenter l'Association américaine de patinage artistique. Travaillante, elle a été la première patineuse à exécuter un triple axel. Sa détermination dans l'adversité inspire le respect. C’est aussi ce qui me cause un certain malaise. Est-ce correct de légitimer une personne qui a commis un crime? Est-ce que Tonya Harding mérite cette deuxième chance?

À ce jour, elle nie avoir été au courant du détail de ce que tramait son ex. Elle a tout de même plaidé coupable aux accusations portées contre elle. Elle a été reconnue coupable par les tribunaux, bannie à vie de toute possibilité de faire du patinage artistique ou d’entraîner des athlètes. Professionnellement, elle ne s’en est jamais remise. En ce sens, on peut dire qu’elle a payé sa dette à la société. Et comme tout le monde, elle a le droit de se réapproprier son histoire et de la raconter comme elle l’entend. Reste que lorsque je vois la vraie Tonya Harding fouler les tapis rouges avec Margot Robbie, j'ai une pensée pour Nancy Kerrigan.

Malgré tout, si cette histoire vous intéresse, ne boudez pas votre plaisir, I, Tonya est vraiment un bon film.

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