Parmi les blessures les plus vives que j’aie eues à vivre dans ma vie, le rejet est probablement la pire.
Plus souvent qu’à mon tour, j’ai dû y faire face. Contre mon gré, la plupart du temps. J’ai dû rester-là, ma tristesse et mon incompréhension entre les mains.
C’est toujours une blessure vive. Qui fait mal. Vraiment mal. Dans le cœur, dans les tripes. Je ne m’habitue jamais.
Puis, au travers la colère, les larmes, commence une guérison. Tant bien que mal, on essaie de panser notre p’tit cœur. À coups de plasters qui ne tiennent pas vraiment. Le temps passe. Ça guérit en dessous des pansements, mais il y a quand même une cicatrice. Comme pour nous rappeler sans vraiment y penser.
Et c’est sans doute parce que je connais trop bien cet état et combien ça fait mal que j’ai toujours du mal à moi-même partir. À quitter, quand c'est mon cue.
Il arrive, dans n’importe quelle relation, où l’envie, le besoin de s’en aller survient. Des fois sans prévenir. Un peu comme de la visite non désirée. On a toujours un petit doute que ça peut arriver, mais on ne sait jamais vraiment quand.
Pour 1 000 raisons, la relation ne va plus. Le sentiment d’avoir tout donné, d’être allé.e jusqu’au bout se fait sentir. Des fois, c’est des travers, des défauts de l’autre qu’on n'arrive plus à gérer. D’autres fois, c’est nos propres sentiments, actions ou réactions qui nous dérangent. Des fois, c’est juste comme ça.
Parce que c’est là que la vie nous mène.
Et, quelle que soit la raison, ce n’est jamais facile de prendre la décision consciemment. Je pense que c’est pour ça que ça me prend toujours beaucoup trop de temps avant de quitter une relation. J’endure. J’accumule. Je pèse dans le fond, comme dans un panier trop plein, parce qu’« y en reste de la place encore ».
Mais non. Y'en a pu de place.
Que ce soit une relation amoureuse ou d’amitié, je réalise à quel point mon seuil d’endurance et de tolérance est trop grand. À quel point j’endure des situations qui me dérangent, qui m’angoissent, par peur de blesser l’autre si je m’en vais. Parce que t’sais, je le sais trop bien la douleur que ça fait.
C’est peut-être la sagesse. L’âge. La maturité de presque devenir une adulte qui m’ouvre les yeux. Who knows? Mais je pense beaucoup à ça dernièrement. À quel point je ne veux plus ça. À quel point mon temps et mon énergie, qui se font de plus en plus rares, me sont précieux!
J'ai envie de moins m'investir émotionnellement. Parce que je n'ai plus du tout envie de gérer les drames des autres. J’ai envie de prendre soin de mon cœur. De ma tête aussi. J’ai envie d’être égoïste. De me prioriser. Prioriser ma famille. Mon clan d’ami.e.s, ma garde rapprochée.
J’ai envie de laisser partir le vieux. Ce qui n'évolue plus. Ce qui ne mène nulle part. Pour laisser place au nouveau. À ce qui brille. À ce qui fait du bien!
Mais je préfère de loin rajouter des plasters temporaires à mon cœur que vivre avec des regrets.
Les regrets d’avoir perdu mon temps. Mon énergie. De ne pas m’être écoutée de ne pas avoir pris soin de moi. De mes besoins.
Ce n’est jamais facile de regarder les autres partir. C’est encore moins facile de dire au revoir.
Mais des fois, c’est nécessaire. Des fois, c’est temporaire. D’autres fois, c’est pour toute la vie.
I had to leave I was tired of
allowing you to
make me feel
anything but whole
– Rupi Kaur