Je suis une personne qui gesticule, qui s’exclame et qui, dans un groupe, prend tellement sa place qu’elle ne la laisse parfois pas aux autres. Je suis également une femme qui est capable de s’exprimer, de partager, de s’indigner, de penser. Mais, parce que tout est toujours conditionnel, je ne me sens jamais capable d’assumer mes prises de position. Je m’assure toujours de rester dans le neutre le plus beige et inoffensif possible, de ne pas déranger et surtout, SURTOUT, ne pas me faire d’ennemi.e.s. Rien de pire pour moi que de sentir que parce que je suis qui je suis, on ne m’aime pas.
Face à une situation que je souhaite dénoncer, je choisis de le faire discrètement, en chuchotant ma révolte. Face à une injustice, je fige et mon commentaire se résume à un émoji de cœur ou d’arc-en-ciel #PenséePositive. Face à un conflit, j’ai le cœur qui s’emballe, je me confonds en excuses et je donne raison. Bref, je m’écrase et je m’efface. Devant cette vague de #MoiAussi et de discours inspirants dans les médias, je suis celle qui n’arrive pas à suivre le courant. Je suis celle qui s’identifie sans l’afficher.
J’ai toujours le sentiment que je ne connais pas assez l’enjeu, que mes références et mon vocabulaire n’ont pas de crédibilité ou que mes sentiments ne sont pas assez originaux pour être partagés. Je ne sais pas trop d’où provient cette insécurité « intellectuelle ». Il s’agit probablement du malheureux mélange de mon anxiété, de mon statut de femme, de mon entourage ou de celleux qui invalident et ravagent tout ce qui ne leur ressemble pas assez.
Vous comprendrez : cette situation m’embarrasse et me limite, dans ce que je suis profondément et dans ce que j’aspire à être. Alors que la majorité se révolte et se déchaîne sur les médias sociaux, je suis celle qui communique à coup de « ark » ou de « ouf ». Et à force de ne parler qu’en onomatopées, on finit par ne plus savoir quoi dire quand le temps vient. Et ça, c’est ma grande crainte. De ne plus oser parler parce que je ne sais plus ce que je peux (ou pas) dire.
Même si l’année est entamée et que les résolutions ont déjà été prononcées par plusieurs, je me donne donc cet objectif d’assumer ma pensée, d’afficher un peu plus de ma matière grise, de faire confiance à mon jugement (parce que la peur du jugement, c’est mon combat de tous les jours).
Parce que maintenant, grâce à Ton Petit Look, je suis l’amie virtuelle de personnes que j’admire. Qui sont enflammé.e.s, articulé.e.s et tellement fort.e.s qu’iels me donnent envie de les imiter et de les suivre dans tout ce que la prise de parole a de beau et d’un peu laid parfois. J’ai envie de pouvoir défendre leurs paroles quand les vilains du Web n’ont rien de mieux à faire que de leur cracher dessus en brandissant leur droit à la liberté d’expression. Ben moi aussi, je suis libre de m’exprimer et de me trouver aussi pertinente que tous ces gens qui écrivent en capslock. Et je vais le faire.