D’entrée de jeu, je vous annonce que je suis végane depuis un an, ce qui implique, pour moi, de vivre sans consommer de produits d’origine animale, pas seulement dans mon alimentation.
C’est à l’âge de 15 ans, alors que je mangeais du poulet, que j’ai exprimé mon désir de ne plus manger de viande. Comme si je vivais un éveil, comme si j’en mangeais pour la toute première fois de ma vie, j’ai vu ce que je n'avais jamais vu avant. J’ai vu un être qui me ressemblait, avec des os, du sang et de la chair. À cette époque, ce que représente le véganisme m’était inconnu, mais je savais que certaines personnes faisaient le choix de ne pas manger de viande.
J’ai grandi dans une famille monoparentale de style latino-américain. Très petite, j’étais consciente de la chance que j’avais de vivre au Québec et de pouvoir manger des aliments variés, même si en gros, nous mangions à peu près la même chose tous les jours par manque de moyens financiers. Cependant, nous mangions de la viande aussi souvent qu’il nous était possible, même si ça impliquait de manger des pilons de poulets toute la semaine parce que c’était en spécial.
Manger de la viande était considéré un privilège, et ma décision d’y renoncer a été mal perçue au départ. Quand même, ma mère a essayé tant bien que mal de me supporter dans mon choix. Ça a duré un gros mois, durant lequel j’ai mangé des haricots, du riz et des patates. Pas très équilibré, n’est-ce pas? On ne connaissait rien. L’Internet faisait ses premiers balbutiements dans les familles. Bref, j’étais mal informée et j’ai fini avec une carence en fer. J’ai fini par me convaincre que ça n’était pas pour moi.
Fast forward quinze ans plus tard : l’information et le support m’étaient accessibles à travers des groupes de discussions, des livres et des blogues. Ma famille, mes ami.e.s et mon médecin ont très bien accueilli ma décision.
Qu’est-ce qui s’est passé pendant ces quinze années où j’ai continué à manger de la viande? J’étais bien au courant de la maltraitance animale, mais je continuais de croire que j’avais besoin de viande pour être en santé et que je ne pourrais pas m’en passer, car j’aimais en manger. Ai-je mentionné que nous avons deux lapins dans notre famille? Je commençais à me sentir de plus en plus mal à l’aise de les tenir dans mes bras tandis que je mangeais d’autres animaux. Le seul regret que j’ai par rapport à mon choix, c’est de ne pas avoir eu les ressources et l'information plus tôt.
Aussi, faire des repas simples avec peu de moyens m’a aidée à passer au travers une rupture amoureuse qui m’a grandement affectée. Moi qui clamais détester cuisiner, c’est quelque chose que j’adore maintenant! J’ai même un compte Instagram pour partager mes découvertes culinaires! J’ai été surprise de voir comment mon entourage est curieux de savoir ce que je mange. Tranquillement, j’ai pu observer des collègues de travail, des ami.e.s et ma famille s’intéresser au véganisme, et j’aime ça!
Le changement le plus important qu’il y a eu pour moi, c’est au niveau personnel. Je n’étais pas quelqu’un qui aimait particulièrement les animaux. Je ressens désormais des émotions qui m’étaient inconnues. Je n’ai pas assez de mots pour décrire ce que je ressens. Je me sens remplie de tendresse et de bonté, non seulement envers les animaux, mais aussi la nature et les humains. Dans les yeux d’un animal, je vois toute la beauté de la Terre. Mon ventre et mon cœur sont pleins. Merci.