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Le plus important BYE_
Crédit: Capture d'écran ICI Tou.tv

Le documentaire BYE a été diffusé mardi dernier, le 5 décembre 2017, à Radio-Canada.
Le lendemain, ça aura fait 2 ans que Thomas Taillefer s’est enlevé la vie.
Thomas, fils d’Alexandre et de Debbie, frère de Daphnée, était cyberdépendant.
 
Ce documentaire expose les enjeux de la cyberdépendance, en plus de dresser un portrait de l’offre de soins en santé mentale au Québec. Au sens large, par le fait même, c’est notre perception de la maladie mentale, en tant que société, qui est mise à l’épreuve.
Une heure de télévision très touchante, difficile, mais nécessaire.
 
Je ne vous apprends rien, on vit dans une société de performance.
Thomas avait trouvé sa valorisation dans un monde virtuel à défaut d’obtenir celle qu’il souhaitait dans la vie réelle, comme c’est souvent le cas pour les gens qui souffrent de cyberdépendance.
La vie dans l’écran s’apparente à celle que l’on respire ; peser sur pause nous impose une pénalité.
Une pénalité qui, dans le concret, fera le bien.
Une pénalité, qui, dans nos têtes, tracera un gros trait jaune fluo sur notre faiblesse. Comme on surligne quelque chose d’important avant un examen, pour ne se souvenir que de ça.
 
Un jour, il a été collectivement décidé que d’avoir mal dans le corps était légitime, que d’avoir mal dans la tête était répréhensible. J’imagine que l’on s’intéresse plus au concret qu’à l’abstrait, plus au résultat qu’à la démarche. Je ne sais pas d’où ça nous vient, mais je sais où ça nous mène.
 
Il a été dit, dans ce documentaire, que les parents sont les derniers à qui on veut parler de notre douleur psychologique parce qu’on a peur de les décevoir.
Je ne connais pas un enfant qui a eu peur d’avouer une sinusite à ses parents.  
J’ose même m’avancer à dire que, dans ce cas, la peur sert de camouflage à quelque chose comme une certitude.
Comme si, parce qu’on a grandi là, on savait exactement ce qui se cache au fond de nos parents.
 
Pourtant, tout ça n’est qu’une construction sociale.
Une bombe et ça explose.
Une bombe comme un suicide.
Un suicide comme une bombe dans le dedans de nos parents.
 
Mais hey, ce n’est pas parce qu’il faut réparer l’intérieur qu’il faut faire sauter l’extérieur.
 
Je sais que c’est facile à dire, qu’on nous dira que ce n’est pas ça qu’on veut dire.
C’est pourtant ce qu’on nous montre. 
Un performant éteint les feux plus qu’il ne les prévient.
C’est exactement ce que notre système s’efforce à faire : attendre l’urgence, la crise, la possibilité du suicide.  Oh alors là (et encore), vite vite, il faut faire quelque chose.
 
Même Gaétan Barrette — le graaaaand penseur de la santé au Québec —, a attendu la diffusion de BYE pour sortir la nouvelle de la création d’un programme public de psychothérapie (il dit que non, mais laissez-moi en avoir assez entendu pour ne pas le croire).
Un pas dans la bonne direction, certainement. Un pas très petit, très insuffisant, aussi.
 
Individuellement, le combat de l’argent est difficile à mener.
 
Y’a qu’une guerre qui nous appartient : celle que l’on doit imposer à nos préjugés.
 
Oui, ce documentaire traite de la cyberdépendance, mais voyons plus loin et plus large. De grâce, que je n’entende personne utiliser ce prétexte pour choisir que ça ne nous concerne pas.
La maladie mentale, qu’elle soit virtuelle, dépressive, schizophrène, concerne tout le monde.
Elle attend dans un coin et nous serons les premiers surpris la journée où elle décidera de poser bagage, dans notre tête ou dans celle de ceux qu'on aime. 
 
Informons-nous pour mieux imaginer ce que ça peut être.
Intéressons-nous pour être sensibles.
Posons des questions, ouvrons les discussions, offrons notre présence, allons chercher de l’aide, pour nous autant que pour les autres.
 
N’essayons pas de concrètement comprendre, parce ce que c’est là qu’habitent nos préjugés.
Ce qu’on ne comprend pas nous fait peur.
Nos préjugés vivront tant que la peur leur donnera de quoi respirer.
 
Donnons-leur plutôt de la douceur, du temps, de l’amour, de l’écoute, de l’humanité.
Exactement ce que BYE apporte à notre réflexion.
Exactement tout ce qu’on devrait donner à la santé mentale.

Pour visionner le documentaire, c'est ici.
Vous pouvez également consulter cette page pour consulter une liste des ressources d'aide offertes.

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