Octobre dernier, je joue à un jeu vidéo avec mon copain et son fils de presque 10 ans. Je prends une pause et regarde mes réseaux sociaux. Sous une photo que j’ai publiée quelques jours avant, un dude très random que je ne connais pas a commenté ça :
Crédit : Catherine Légaré
Je le trouve cave et au moment où je lui réponds, je vois que j’ai un DM dans ma boîte Instagram. La mention « ouvert » que vous voyez est une photo de sa graine vraiment pas sollicitée. Après lui avoir répondu ce que vous voyez, je le bloque et je le cherche sur Facebook pour voir qu’il est en couple. Je le bloque encore et je change mon nom sur Instagram.
Crédit : Catherine Légaré
Sur le coup, je ris. Mais mon rire se transforme lentement en une inquiétude vraiment désarmante. À ma gauche, le fils de mon chum qui joue tranquillement à notre jeu préféré aurait pu voir la (crisse) de graine du dude très random sur Instagram.
Mon copain me voit blêmir et il demande à son fils d’aller dans sa chambre pour me demander ce qui se passe. Je lui raconte, il se fâche, il veut agir. Mais je refuse, parce que le rire et l’inquiétude se sont lentement transformés en peur incontrôlable.
Le gars a clairement été triggered par la photo de mes derniers achats littéraires pour un travail universitaire et a décidé de m’insulter et de transgresser ma vie privée. Je cherche quand même à comprendre, mais je me rends à l’évidence que le gars est seulement misogyne et que cette journée-là, j’étais la cible de sa colère et de sa violence gratuite.
Crédit : Catherine Légaré
Le plus triste là-dedans — dans cette histoire vraiment pas isolée — c’est que je ne suis pas la seule qui reçoit ce genre de photos. Combien de femmes sommes-nous à subir de telles agressions dans notre quotidien, au détriment de notre propre personne? Combien de femmes sommes-nous à endurer ce genre de comportements, au risque d’en avoir horriblement peur? Combien de femmes sommes-nous à devoir agir comme si de rien n’était, et à faire comme si c’était ben correct de recevoir une graine d’inconnu, malgré le fait que nous ne sommes pas du tout intéressé.e.s, que ça n’a jamais été demandé et que c’était vraiment out of nowhere?
J’ai gardé les screenshots, juste au cas où. J’ai décidé d’en parler là, parce que la peur s’est transformée en colère. Et au lieu de choisir la violence, qu’elle soit verbale ou physique, j’ai choisi d’exprimer ma colère avec mes mots.
Pis ça, c’est plus fort qu’un épais qui m’envoie sa graine un samedi après-midi.