Cette semaine, je suis tombée sur un texte qui se demande où on en est rendu avec la diversité corporelle. Je pense que j’ai simultanément crié, ri, et flippé une table. Je ne suis pas sûre quel était l’angle choisi par l’autrice parce que les arguments allaient dans tous les sens, mais il y a une chose dont je suis certaine : la diversité (corporelle ou autre) n’est PAS présente partout. C’est un travail de longue haleine qui est loin d’être terminé et qui est constamment remis en question.
Premièrement : non, la plupart des compagnies de vêtements n’encouragent pas la diversité corporelle. Ajouter une grandeur XL à son offre, c’est vouloir se donner bonne conscience et rire des personnes qui portent des grandes tailles. Plusieurs doivent se tourner vers les boutiques spécialisées, qui ne sont pas faciles d'accès dès qu'on s'éloigne des grands centres. Dans le cas des magazines, on commence tout juste à inclure des gens dont la taille dépasse le 10 et qui ne sont pas blanches ; donc oui, il est absolument nécessaire de mentionner que les modèles sont #Curvy ou #Black. La journée où on n’aura plus besoin de le dire sera celle où ces personnes ne seront plus discriminées à cause de leurs corps qui ont le ~ malheur ~ d'être différents.
C’est vrai que les modèles à la Ashley Graham ou Tess Holliday ne sont pas une représentation accurate de toutes les personnes grosses, mais j’aime mieux voir des personnes comme elles se tailler une place que de ne pas en voir du tout. Les qualifier de personnes « en surplus de poids » est hyper réducteur et fait référence à l’idée qu’il y a un poids santé versus un poids non-santé et qu’il faut absolument éradiquer ce dernier. La grossophobie de l’autrice est particulièrement présente dans la partie suivante du texte, où les thin tears coulent allègrement parce que les personnes minces veulent doooonc être acceptées dans le mouvement de diversité corporelle. BREAKING NEWS : la diversité corporelle est déjà hijackée de façon systématique par la majorité avantagée par le système. Non, tous les corps ne sont pas égaux, fait que assurez-vous donc que le jupon de votre privilège ne dépasse pas et écoutez les personnes qui vivent ces oppressions au quotidien.
Côté diversité culturelle dans le domaine cinématographique, l’autrice rouspète à propos du dernier Thor parce qu’il n’est pas fidèle aux bandes dessinées. Je cite : « Ce qui me dérange, c’est plutôt le fait que Valkyrie ait toujours eu la peau blanche dans toutes les bandes dessinées où elle est apparue et que du jour au lendemain, juste parce que la production devait respecter son quota de diversité, elle a la peau d’une couleur différente. » MAIIIIS on nous assure que ce n’est pas la couleur de sa peau qui dérange, oh non. Est-ce que le casting d’Idris Elba dans le rôle d’Heimdall est aussi dérangeant? Il est pourtant blanc dans le comic book! La couleur de la peau ne fait pas partie intégrante de l'identité de ces personnages et je m’explique mal ce racisme mal déguisé. Est-ce que l’autrice est au courant du mouvement #OscarSoWhite et que les personnes racisées sont encore très peu représentées au cinéma? Est-ce que l'autrice est au courant que la télévision québécoise est désespérément blanche?
Honnêtement, la lecture de ce texte m’a épuisée parce que je me rends compte qu’il y a encore énormément de travail à accomplir auprès des gens qui ont une idée erronée de la diversité. Ce n'est pas parce qu'on fait des efforts d'inclusion que l'affaire est tiguidou. Souhaiter l’effacement des différences (« parce que nous formerons un tout uni ») équivaut à invisibiliser celles-ci, et c'est une situation qui est encore beaucoup trop présente de nos jours.
La diversité, c’est s’assurer qu’on célèbre et qu’on accepte les différences de tout le monde, pour que tous.tes s’y reconnaissent.