Il a pris l’avion vers la France le 26 juin dernier pour y travailler quelques mois. Dans un moment rempli d’incertitude, où tout ce que j’étais capable de lui dire, c’est qu’on était en « probation ». C’est pas chic-chic, je sais. Je n’avais pas d’autres mots pour mieux exprimer la période de réflexion dont j’avais besoin par rapport à nous et encore moins le temps pour ne serait-ce que penser à trouver un meilleur mot. Une décision qui ne fut pas prise en équipe, puisqu’elle fut prise à un moment où justement nous n’étions plus une équipe.
Je ne lui aurais jamais dit de ne pas y aller. Seulement, j’ai vécu une drôle de surprise lorsque l’on s’est par hasard croisés dans les jours précédents son départ et qu’il m’a dit « Heille, cette semaine j'pars vivre 6 mois en France, mais ça te tentes-tu qu'on revienne ensemble pareil? » Je paraphrase, j'admets. En tous les cas, j’ai pas dit oui, j’ai pas dit non. J’ai plutôt dit, genre, pourrais-je d’abord digérer les mille heures de discussion que nous venons de partager, avant d’un peu faire le ménage dans comment je me sens pis d’ensuite réfléchir à si j’ai envie de revenir avec mon ex pendant qu’il habite sur un autre continent?
J’ai rapidement compris que je n'allais pas pouvoir m’embourber dans le statu quo. Pas plus que je pouvais ne pas essayer. Dans l’absence de sentiments, la solution eut été fucking simple, mais il ne m'était pas possible de retourner chez moi, simplement, sans savoir si je passais à côté de quelque chose. Passons outre les détails, mais notre séparation n’était ni le fruit de violences, de contrôle, de trahison ou de chicanes. Ça fait que j’ai décidé d’essayer puis de voir, tel qu’il est possible d’essayer puis de voir quand il y a un océan qui nous sépare. #CoucouAtlantique
Spoiler Alert ; bien qu’il s’agisse d’une décision prise en connaissance de cause, ça ne veut pas dire qu'elle est facile. Malgré tout, nous sommes en position privilégiée : Monsieur mon amour a la souplesse – a.k.a. le privilège, oui, c'est important de le redire – de pouvoir me visiter régulièrement. Ce n’est pas énorme, mais ça permet de voir comment s’oriente notre récit, et c'est déjà ça. La probation fut temporaire et, apparemment, ça prend plus que 5 500 km pour empêcher un cœur d'aimer.
Au-delà des joies provoquées par les goodies de la boutique hors taxes et l'amour éternel voué à l'application Messenger, l'absence, ça se remarque. Moi qui dans le célibat ne suis consciente de l’espace libre de mon territoire-dodo que par le bonheur de pouvoir m’y étirer sans contrainte, ce vide s'est alors cruellement alourdi de sens. Un sens comme « heille, y’est pas là, hein! » J'ai un peu braillé en octobre quand, puisque le froid s'installait tranquillement, il a rapporté là-bas son grand foulard bleu. Il venait sans le savoir de partir avec le vêtement qui avait le mieux gardé son parfum.
Je manque de vocabulaire pour mettre en mots de façon funky-cool qu'il est dans un autre pays. Un autre continent. Quand j'ai de la peine, quand j'suis pleine de bonheur, quand j'ai peur, quand j'ai envie d'être écoutée (et de l'écouter, lui), quand j'feel pour cuisiner une batch de tartes aux pommes, quand j'ai froid au bout du nez, quand j'suis exaltée because j'ai mangé plein de sucre et quand j'ai envie de faire une course de-la-première-personne-arrivée-à-la-voiture, j'aurais envie qu'on soit ensemble. Pour mieux profiter de ces p'tites bulles de temps qui sont à nous, j'ai cherché comment mettre sur pause le monde et les responsabilités qui viennent avec. J'ai pas tout à fait trouvé comment, mais on travaille fort là-dessus. On se bâtit des moments, on s'envoie de la musique, on fait des X sur le calendrier.
Ça en vaut la peine. Grâce à la p’tite balance magique de la vie sur laquelle on pèse les pour et les contre, j’ai compris que je préférais prendre ce risque en dépit des difficultés plutôt que de jouer de prudence sans essayer. J'pouvais pas laisser mon p'tit cœur pogné dans un Tupperware enroulé avec du tape de hockey. En plus, ça finit bientôt (le contrat de travail là, pas le couple).