Je n’ai pas vu ma famille depuis près d’un an. Ils arrivent dans moins d’un mois et je commence déjà à me préoccuper de la face qu’ils auront quand ils me verront en vrai, pas de l’autre bord de l’écran…
La vérité, c’est que j’ai pris pas mal de poids dans les douze derniers mois.
Genre qu’on me demande constamment si je suis enceinte quand on voit ma bedaine.
Je ne sais pas exactement à quoi je pourrais attribuer cela : le changement de mode de vie, le changement d’alimentation, le fait de moins bouger, les antidépresseurs, les anovulants, la santé mentale qui va mieux, la diminution de mon niveau de stress quotidien, l’âge… Peut-être un gros mélange de tout ça?
Je n’ai pas nécessairement peur que ma famille me juge directement. Ce qui me fait peur, par contre, c’est que leurs commentaires détournés s’adressant à d’autres personnes me blessent.
En fait, c’est toujours un peu comme ça que ça se passe. Chez nous, on ne dit pas exactement : « Ouin tu as vraiment engraissé! » On dit plutôt : « Mais non, tu étais maigre comme un bécyck, ça te va vraiment mieux de même ». Et le moment d’après, j’entends : « Mon Dieu qu’elle est pas petite elle! Méchante grosse toute trempe. »
C’est insidieux.
C’est involontaire.
Mais c’est méchant et ça me dérange.
C’est un peu double discours. On ne me le dira pas exactement, de toute façon, je n’ai aucunement besoin de l’entendre, mes fermetures éclair de pantalons me hurlent constamment ma prise de poids. Je suis à peu près certaine qu’ils me diront : « C’est pas si pire que ça! », mais qu’à un autre moment du voyage, sur la plage, ils commenteront une personne sur son apparence soit trop mince ou trop grosse.
Je leur en ai déjà parlé. Mais c’est plus fort qu’eux.
Je comprends aussi que ce n’est pas simple de sortir du moule dans lequel ils ont été éduqués. Après tout, j’ai grandi et/ou « grossit » sous les salutations de mes grands-mères toujours ponctuées de quelques commentaires corporels du genre « Mon dieu, tu grossis pas toi, hen? » ou encore « Salut ma belle grosse fille! » Tout pour aider une jeune adolescente à se sentir belle et bien dans sa peau.
Comprenez-moi bien, je sais faire la part des choses. Je sais que ces remarques n’ont rien de méchant pour vrai, mais il n’en demeure pas moins que c’est blessant pour la personne qui les reçoit. Quand ça vient de celle.eux avec qui tu partages des liens de sang, il me semble que c'est encore pire!
Je ne sais plus comment dealer autrement avec cette situation qu’avec des « eye roll ». Le fait que je vois ma famille une fois par année fait aussi en sorte que je n’ai pas nécessairement envie de partir sur le sujet et mettre un froid sur le peu de temps que nous passerons ensemble.
En attendant qu’ils arrivent, j’essaie de penser à quels vêtements avantageux je pourrais bien porter et je croise les doigts pour que tout se passe bien.