J'ai jamais été la fille avec le plus d'ami.e.s. Je n'étais pas cool, je n'étais pas populaire. Ça ne m'a jamais vraiment affectée parce que, de toute façon, j'étais queer, j'étais une freak. À la limite, ça me plaisait, j'étais différente, je le savais et mes ami.e.s l'étaient aussi.
Et puis, la fin du secondaire s'est annoncée, le CEGEP m'a amené son lot de soirées et de nouvelles rencontres. Assez vite, ma toute récente majorité a balayé mes ami.e.s du secondaire. Ce balayage ne s'est toutefois pas fait en douceur. J'ai eu mon lot de chicanes et de break downs. Heureusement, mes rencontres au CEGEP furent fructueuses, notamment parce que notre domaine d'étude était similaire. J'avais plein d'intérêts communs avec elles.eux. Je me disais que ce serait mes ami.e.s pour la vie, you know, j'avais de l'espoir.
LOL.
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L'université, ça sépare aussi. Ma branche, la littérature, héberge de toutes petites classes où tout le monde était friendly. C’était le fun parce que je ne me sentais pas trop à part, mais je n’étais toutefois pas tellement incluse non plus. J’apprenais les partys grâce aux chuchotements riants qui se déversaient de la bouche de mes compatriotes. Au final, j’étais pas mal toute seule.
En parallèle, j’avais un travail, pour gagner un peu de sous, où je me suis fait quelques ami.e.s qui, assez rapidement, se sont avéré.e.s pas tant des ami.e.s. Une séparation et hop! Les camps se déclarent et, comme à mon habitude, je suis passive. Je n’aime pas tellement parler dans le dos des gens. Alors, les gens parlent de moi. Jusqu’à ce que je pète ma coche et que j’insulte le clan adverse.
J’ai appris de ces petits deuils consécutifs. J’ai compris que parler dans le dos du monde, ça n’amène rien de bon. J’ai appris à respecter les autres même en cas de désaccord.
J’ai appris que les bon.ne.s ami.e.s, celleux qui restent, se comptent sur les doigts de la main (mention spéciale à Frank). On me la disait souvent, celle-là. Pourtant, on ne réalise que c’est vrai juste quand on se retrouve le dos au mur.
J’ai appris, pour en avoir vécu beaucoup, que l’intimidation via Facebook, ça fait encore plus mal qu’en vrai. Je suis capable d’endosser en privé. Mais ridiculiser et insulter sur Facebook, c’est public. C’est horrible de détruire quelqu’un de cette manière.
J’ai appris que, mes ami.e.s, mes vrai.e.s, valent tous les efforts du monde et que les autres ne méritent même pas une miette de mon attention. Moi first.
J’apprends toujours à me détacher de l’opinion des autres sur ma personne, ce n’est pas facile de se faire insulter. J’apprends doucement à dealer avec les haters et à m’occuper de moi.