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Il y a un peu plus de six mois, je passais sous le bistouri pour subir une dérivation gastrique, une chirurgie bariatrique. Bien que pratiquée depuis plus de quarante ans, elle demeure un acte médical méconnu qui vient avec son lot de préjugés.
J’étais généralement en paix avec ma décision de me faire opérer. Quand j’étais rationnelle, que je lisais des articles basés sur la science, j’avais hâte. Physiquement, j’étais en forme, je m’entraînais régulièrement, j’avais la chance de ne pas avoir de troubles alimentaires ou de méconnaissance de la nutrition qui auraient rendu la démarche encore plus ardue. Reste que l’année et demie d’attente a été drainante. L’opération était ma dernière pensée avant de m’endormir. Chaque repas m’y ramenait. Chaque rencontre à l’hôpital me faisait douter et je me réveillais en panique la nuit. Le plus difficile, c’était de faire face à mes propres préjugés.
Bien que je comprenais rationnellement que le corps ne soit pas fait pour perdre du poids et qu’il s’y oppose de toutes sortes de façons, la croyance voulant que l’obésité soit le résultat de mauvais choix personnels est tellement ancrée dans la société qu’une partie de moi voyait l’opération comme un échec. Qu’avec un peu de volonté et d’effort, je n’aurais jamais atteint le poids de la honte et surtout, que je serais capable de le perdre « par moi-même ».
Cette vision des choses vient aussi avec l’idée que l’opération est une baguette magique, alors que ce n’est aucunement le cas. À l’hôpital, on nous l’explique bien et on insiste sur ce point. C’est un outil, mais la perte de poids vient avec l’effort de bouger et de bien s’alimenter. Je suis chanceuse, j’étais déjà active et adepte de bouffe santé, je n’ai donc pas eu besoin de radicalement changer mes habitudes de vie depuis.
Un an de solitude
Avec le recul, ce que je trouve triste de cette période, c’est que je me suis privée de beaucoup de soutien parce que j’avais trop honte pour en parler. J’ai parlé de l’opération à mes parents plus d’un an après avoir pris ma décision. J’en ai parlé à ma sœur qu’une fois à l’hôpital. Quand j’ai eu à demander mon congé de maladie au bureau, les mots me sont restés pris dans la gorge. Je vivais un stress inutile à ne pas vouloir que ça se sache. Je sais que c’était à moi de ne pas me mettre autant de pression sur les épaules, mais reste que si on avait moins de préjugés et de méchanceté envers les personnes souffrant d’obésité (allô Sophie), elles s’isoleraient moins et ultimement, seraient en meilleure santé. #MesDeuxCennes
Ne manquez pas les deux prochaines parties, le grand jour et un nouveau départ.