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Je suis anxieuse

Carmelle Gauvin
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Je suis anxieuse
Crédit: Kelli Tungay/Unsplash

J’ai lu récemment un texte relié à une illustration par la talentueuse Maude Bergeron sur Les folies passagères parlant de l’anxiété, ce terme qui, comme elle le décrit, est pratiquement devenu le mot à la mode à utiliser par toute personne ressentant du stress ou de la nervosité. Peu de personnes dans mon entourage le savent, mais j’ai commencé une thérapie de façon assidue il y a 6 mois pour mon anxiété et c’est honnêtement la meilleure décision que j’ai prise de ma vie.

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été quelqu’un qu’on disait anxieuse, un peu à la blague. C’était mon Persona. Enfant, j’étais la petite fille nerveuse et dramatique, qui faisait des montagnes avec les petites choses. Ça faisait sourire les gens. J’ai pourtant des souvenirs tellement pas drôles de mon enfance et de mon adolescence reliés à ça…

Maintenant adulte, c’est encore presque un running gag : je suis la « stressée » de la gang, à qui on dit « relaxe! », « sois zen! », puis, quand on est un peu tanné.e.s, parce que oui, à la longue, c’est lourd, à qui on lance des « ben là, t’as vraiment peur de ça?! », « come on, tu vois ben qui a aucun danger », « ressaisis-toi là, ça sert à rien que tu paniques de même! » — comme si j’avais le choix, et que j’ai évidemment fait ce choix conscient et éclairé de faire de l’anxiété et des crises de panique.

Crédit : Maude Bergeron/Les folies passagères

J’ai tout de même toujours pensé jusqu'à récemment que j’étais seulement une personne de nature anxieuse, que c’était un trait de personnalité. Que c’était normal de se repasser CHAQUE conversation qu’on a eue durant la journée avant de s’endormir et de s’autoflageller pour chaque virgule mal placée, chaque blague un peu ratée, chaque mot où on a un peu bégayé, chaque regard d’une personne qu’on a trouvé un peu jugeant. Que c’était normal de remettre constamment en question et de débattre intérieurement en long et en large TOUTES les décisions qu’on prend au quotidien, du chandail qu’on porte à la vinaigrette dans sa salade jusqu’aux journées de la semaine où on va se laver les cheveux (eh oui, mon cœur peut s’accélérer pour des choses comme ça). Que c’était normal d’avoir de la difficulté à respirer avant de répondre au téléphone, avant d’arriver quelque part, en sortant de chez soi, en voiture, devant un animal, en regardant son agenda… (et je vous épargne la description des émotions qui m’habitent quand je dois régler un réel conflit avec quelqu’un ou quand j’ai des décisions de vie ou de carrière à prendre).

Puis, il y a 6 mois, quand j’ai réalisé que mon plus grand rêve, si je le pouvais, aurait été de rester enfermée chez moi 24 h/24, ce cocon douillet à l’abri de tous les dangers, que je ne franchissais le pas de ma porte que par obligation (et que ça me mettait dans un état intérieur de merde) et que les seules journées où je respirais normalement du matin au soir étaient celles où je ne travaillais pas et où je pouvais alors rester enfermée, porte barrée, enroulée dans ma doudou, je me suis rendue à l’évidence : non, ce n’était pas juste un trait de personnalité, j’avais un problème.

J’ai alors décidé que je ne voulais pas passer à côté de ma vie à cause de ce trouble vraiment paralysant, et je suis tellement contente d’aborder ça de front aujourd’hui. J’ai de plus en plus d’outils, et j’accepte aussi de mieux en mieux mon état. Si vous saviez comme toutes les phrases peu douces et jugeantes nommées ci-haut, et toutes celles que Maude a écrites ici, je me les suis dites à moi-même des milliards de fois avec tellement de méchanceté. Mais l’anxiété, c’est pas rationnel. Et je sais que de l’extérieur, pour quelqu’un de non anxieux, c’est vraiment difficile à comprendre.

L’anxiété, et les troubles anxieux, c’est une connexion du cerveau qui envoie automatiquement un signal de danger au corps pour des situations qui ne le sont pas. Quand le premier petit grain de pop corn éclate, ça prend pas de temps que ça explose de partout et que ça envahit le corps au complet, du bout des orteils jusqu’au sommet du crâne. Parfois, j’arrive à le cacher, parfois non. Et ça, on le contrôle pas, et nul besoin de me dire que je capote pour rien, qu’il faut juste que je me calme et que j’ai juste à me forcer un peu. Ça ne donnera rien.

Prochaine fois que vous êtes face à une personne en état d’anxiété ou en crise de panique, simplement lui laisser savoir que son sentiment est valide, que vous l’aimez, et lui rappeler avec douceur qu’elle est en sécurité, et que ça va descendre tout seul, parce que ça descend toujours (en tout cas moi, c’est ce qui me fait du bien). Plein d’amour aux autres anxieux.ses qui me lisent, on va y arriver.

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