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Hier, mon chum n’a pas crié après moi
Crédit: StockSnap/Pixabay

Hier, au resto, j’ai accroché ma coupe de vin (parce que je gesticule en parlant). Grâce à ma génétique de Tortue Ninja, je l’ai rattrapée au vol. C’était trop peu, trop tard, le vin a fait une belle grosse vague dans les airs avant d’atterrir en flaque sur la table.

Mon partenaire s’est levé, m’a aidée à ramasser, puisque si c’était moi qui me levais, j’allais nécessairement en recevoir davantage sur ma personne et mes vêtements. On a fait ça dans le sourire, avec full de légèreté et de doux. On riait de ma tentative de " safe ". On a fabriqué une montagne avec les napkins imbibées, on a continué de manger. Comme si de rien n’était.

J’ai ensuite réalisé que je n’avais pas eu peur. Peur qu’il crie qu’il me regarde les yeux remplis de méchant, qu’il me fasse une attitude de marde pour le reste de notre soirée. Je ne me suis pas sentie conne, je ne me suis pas dit que je n’étais qu’une bonne à rien, juste une gaffeuse, que je brise tout ce que je touche. Je ne me suis pas excusée. En fait, je n’ai même pas pensé, avec raison, d’ailleurs, à m’excuser.

Ça fait des années que personne ne me crie dessus, ne m’insulte ou ne me fait sentir inadéquate. Ça fait des années que je n’habite plus avec un humain de qui je crains les réactions imprévisibles et démesurées, des années que je fais mes p’tites affaires de la journée sans appréhender une éventuelle ambiance tendue, sans avoir à me préparer pour me défendre contre une crise potentielle. Et pourtant, la peur et les réflexes qui l’accompagnent, ça reste.

Hier fût la première fois où j’ai eu conscience de ne pas m’être spontanément mise en état de défense suite à une « gaffe » que j’ai commise en compagnie d’un amoureux. Je ne crois pas que les conséquences de la violence nous laissent tranquilles forever. Ce serait trop beau, trop simple. Ça ne marche pas de même. Ça nous suit comme une bébitte gossante qui prend plus ou moins de place selon comment va la vie, qui est dedans et si le monde est doux ou pas.

N’empêche que j’ai trouvé ça fucking cool quand j’ai compris ce qui venait de se produire.
 
J’ai échappé mon vin.

Y s’est rien passé. 

Pis c’était normal.

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