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Porter une taille 10 ou une histoire de grossophobie
Crédit: Les folies passagères/Facebook

Avec les collaboratrices chez Ton Petit look, nous avons souvent de grosses conversations (y’en a aussi des plus légères, je vous rassure) à propos de sujets entourant la femme, dans toute sa splendeur, mais aussi dans ses petits recoins plus noirs.

Aujourd’hui, une d’entre nous racontait comment elle était tannée de se faire dire avec surprise que sa taille de pantalons surprenait les gens. Les gens lui répondaient : « J’aurais jamais pensé que tu portais cette taille-là. » Nous discutions d'à quel point c’était heurtant et que, dans le fond, c’est aussi une des conséquences directes de la grossophobie. Même les plus minces en vivent les répercussions, c’est pas peu dire. On dérègle tellement la tête des femmes, que certaines vivent une honte intérieure importante et parfois même publique de porter une taille 10.
 


Crédit : Giphy

Je suis une taille 24 et je vis déjà avec les impacts d’une société qui rejette et condamne le corps dans lequel je vis par plein d’inégalités. C’est tous les jours que je perçois que mon corps n’est non seulement pas normal, mais pas worthy que la société y pense aussi quand elle réfléchit le monde autour de moi, quand elle construit des endroits publics, ou quand elle design des belles chaises de cuisine. J’aimerais ça aussi que les plus grands couturiers s’intéressent à ma silhouette pour avoir accès à des vêtements qui me plaisent par leur qualité et leur coupe. Je suis quand même obligée de m’habiller chez des détaillants de chaînes populaires, mais peu nombreuses, qui vendent à des prix ridicules des vêtements de mauvaise qualité, et qui souvent ne sont même pas réfléchis pour mon type de corps.

Crédit : Giphy

Je vis ça et beaucoup d’autres affaires.

Sauf que l'aberration totale me vient quand j’entends des filles qui portent des tailles régulières se faire dire des niaiseries de même.
 

« J’aurais jamais pensé tu portais cette taille-là. Tu as l’air bien moins grosse que ça. »
Pour vrai? On est rendu à culpabiliser même la fille qui porte du 10? Society, you are sick.

Il est donc normal de se sentir affecté.e.s, diminué.e.s, humilié.e.s par ces regards et ces paroles sournoises, qui sont violentes et démonstratives de cette pensée populaire problématique. Les gens ont de la misère par contre à accepter qu’il existe bel et bien un problème d’image et de la peur vis-à-vis certains formats atypiques, au point que la société les place en situation d’exclusion. Quand on parle de grossophobie, les gens montent sur leurs grands chevaux pour dire que ça existe pas.

La grossophie semble être un nouveau terme et parfois les gens ont l’impression qu’on en fait tout un plat, mais c’est une lutte qui dure depuis tellement longtemps. Le concept de « fat-phobia » est né aux États-Unis dans les années 1970. Ensuite en 1996, il y a eu Anne Zidermane qui a publié le livre Coup de gueule contre la grossophobie. Ont vu le jour des lois qui, comme en France depuis 2001, reconnaissent et protègent certaines personnes contre une forme de discrimination bien réelle, basée sur l’apparence du corps. Le 15 juin dernier, Gabrielle Deydier publiait On ne naît pas grosse, aux éditions Gouttes d’Or. Il y a aussi toutes ces personnalités plus ou moins connues qui partagent leur vision et leur art via le Web en ce sens. Je pense à Maude Bergeron et à Frances Cannon, entre autres. 

Il ne manque pas de littérature et d'influenceurs pour vous informer, donc s’il vous plaît, si vous lisez mon texte et que :

  • vous ne savez pas de quoi je parle quand je mentionne le terme « grossophobie » ;
  • vous ne voyez pas le problème à dire à une amie que vous êtes surprise qu’elle porte du 10 parce qu’elle n’a pas l’air si grosse ; 
  • vous pensez que je soulève un problème qui n’existe pas ;
  • vous souffrez de ce genre de commentaires et vous ne comprenez pas l’influence de la société et du discours populaire sur l’obésité ;
  • vous voulez juste mieux comprendre ; 

​Informez-vous et informez les gens autour de vous. Avec amour, mais fermeté. Parce qu’il faut que ça cesse. 

La taille de votre pantalon, c’est pas de mes affaires.

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