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Mourir? Maintenant?

Andreane Leblanc
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Mourir? Maintenant?
Crédit: Free-Photos/Pixabay

Je ne les ai pas vus.
Je n’ai rien vu, en fait, mais j’ai tout entendu.
D’abord un cri vague, absorbé par la nuit et la distance. Ensuite un autre, tout près. Le genre de cri qui glace littéralement le sang et donne la sensation de tomber dans le vide.

Des éclats de voix.
Le propriétaire qui leur dit de baisser leurs armes, de se calmer, qu’il va leur donner l’argent.
Des gens qui courent.
Un faisceau lumineux entre les pans du rideau qui, lentement, scanne la chambre et qui finalement s’éloigne, après une éternité ou deux.

Moi, couchée, immobile, mon corps et ma respiration étonnamment détendus, mais mon cerveau bouillonnant, dans état d’alerte que jamais je n’ai expérimenté auparavant. Qu’est-ce qui se passe? Qui est là? Est-ce qu’ils vont tirer? Est-ce que quelqu’un va mourir? Est-ce que JE vais mourir?

À ce moment, je me suis souvenue que les derniers mots que j’avais dit aux gens qui me sont les plus chers étaient : « Je t’aime ». Que j’avais vécu tellement de belles expériences et d’extraordinaires rencontres. Que j’étais exactement où j’avais envie d’être, où je n’aurais jamais imaginé être, et que j’étais fondamentalement et intrinsèquement heureuse. Je me souviens de m’être dit que, bien sûr, j’avais encore bien des choses à accomplir et à découvrir, mais que, si je mourais maintenant, dans cet endroit plus que parfait, ce ne serait peut-être pas la fin du monde. Ensuite, l’angoisse : au fond, qu’est-ce que j’aurai apporté à ce monde un peu malade?

J’ai tourné la tête et vu mon amie, dans son lit, à côté, son corps dans le même état catatonique que le mien. J’ai couru. Je me suis blottie contre elle, me tenant à son bras comme si ma vie en dépendait. Peut-être qu’elle en dépendait. J’avais autant besoin de donner un peu d’amour et de réconfort, je crois, que d’en recevoir. Au cas où…

Ils sont finalement partis, avec tout l’argent et des objets de valeur, mais avec aucune vie.

Cette expérience n’a heureusement laissé aucune séquelle physique, mais les retombées psychologiques ont été nombreuses et cruelles pour plusieurs d’entre nous. Ça remet toutes les choses en perspectives sur un pas pire temps, de penser que la fin s’en vient beaucoup plus rapidement que prévu!

La vie est courte, très courte ; allez donc dire aux précieux gens qui vous entourent que vous les aimez et dites-leur souvent. Vivez, accomplissez, découvrez, partagez, connectez, faites des choix qui vous rendent heureux tout l’temps!

Avez-vous déjà vécu une expérience qui vous a rapproché.e.s de la mort? Quelles ont été vos pensées?

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