Je chiale tout le temps. Ben oui. On me le dit souvent. « Daphnée, maudit que t’es chialeuse c’est incroyable! » Eh oui. Oups!
Je vous rassure cependant, je ne suis vraiment pas si pire que ça. Parfois je suis dans des lieux publics où j’entends toutes sortes de conversations, et quand dans ma tête je me dis que cette personne chiale vraiment pour rien, c’est qu'il y a pire que moi! #LolPasLol
Blague à part, c’est vrai que je suis chialeuse. Depuis pas mal toujours. Mais je me rappelle qu’à chaque fois qu’on me l’a reproché, ça m’a toujours fait quelque chose. Ça me blessait profondément, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. C’est vrai, je sais, c’est déplaisant d’entendre chialer autant. Alors pourquoi ça me blesse à ce point?
C’est seulement il y a environ un an que j’ai compris pourquoi me faire dire que je chialais trop me blessait énormément.
Pour moi, chialer, ce n’est pas juste anodin, futile, quelque chose pour remplir une conversation. Ce n’est pas moi qui ne suis pas assez tough pour passer l’éponge sur les petites misères et déplaisirs de la vie. Parce que remarquez, je chiale toujours sur les mêmes choses. Pourquoi? Parce que ces choses me touchent personnellement, me font sentir mal, m’angoissent, me stressent, me font peur. Et au lieu d’exprimer explicitement que je ressens X émotions quant à X situations, je chiale. « Oh! J’ai TELLEMENT pas envie d’aller à telle place! » ou « Oh! J’ai TELLEMENT pas hâte de rencontrer telle personne! ». Traduire : cet endroit, ce cours, cette personne m’angoisse et je redoute terriblement le moment où j’aurai à l’affronter.
Vous me direz que c’est niaiseux. Pourquoi je ne fais pas juste exprimer clairement ce que je ressens?
Honnêtement, je ne sais pas. Bonne question. Je fais ça souvent en plus. Lors des moments où ça n’allait pas, mais vraiment pas, quand je sentais avoir atteint le fond du baril, qu’il n’y avait plus de façon de remonter à la surface, que je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel, dans ces moments où je voulais juste que quelqu’un m’aide… Je ne le disais pas. J’avais terriblement besoin d’aide, et je le vois encore plus aujourd’hui. J’étais totalement démunie et je voulais à tout prix que quelqu’un me prenne en charge, vienne m’aider, parce que là, ça n’allait plus. Mais je faisais quoi? Je ne le disais pas. Je chialais juste plus. Sur plus de choses. Parce que tout était devenu une montagne à surmonter, tout m’angoissait.
Je sais que ce n’est pas la meilleure façon d’exprimer ses sentiments. Je sais que ça peut devenir extrêmement déplaisant et peut même compromettre des relations avec les autres, autres qui ne peuvent plus endurer ce chialage, et avec raison! Je sais, je dois y travailler.
Mais en attendant, si vous remarquez que des personnes de votre entourage chignent souvent, et que ça tourne pas mal tout le temps autour des mêmes sujets, c’est peut-être que cette personne essaie de vous dire, à sa façon à elle, qu’elle ne va pas bien, ou simplement que cette chose la trouble, et qu’elle a besoin de votre aide et de votre réconfort.
Cependant, je tiens à préciser que je ne suis pas en train de justifier toutes les formes de chialage et de les rendre légitimes. Je suis consciente qu’elles peuvent être fortement désagréables, et vous avez raison. Peut-être seulement que pour la prochaine fois, vous aurez une approche plus nuancée quant à ce comportement.