Non, le français n’est pas facile

Cette semaine, j’ai vu passer de nombreux commentaires très pertinents sur les réseaux sociaux concernant une lettre rédigée pour aviser des gens de travaux, qui a été publiée par une page Facebook attirant beaucoup d’attention. Sous ladite publication, les gens ont été très empathiques envers les multiples fautes d’orthographe et ils ont très rapidement pris conscience du privilège qu’ils avaient d’avoir un français impeccable. #Not.  
 
Personnellement, j’ai la chance de n’avoir aucun trouble d’écriture qui puisse me compliquer la vie au quotidien, par contre, j’ai toujours eu de la misère avec le maudit français. Et contrairement à ce que les gens pensent, ça m’a longtemps complexée et c’est encore un facteur de stress aujourd’hui.

Malgré la croyance populaire, j’ai tenté fort de remédier à la situation. J’ai reçu de l’aide en français en dehors de mes cours pendant des années afin de m’améliorer, j’ai investi dans un logiciel qui corrige mes textes, mais sérieusement, ça n’a pas changé grand-chose.
 

Je trouve toujours alors très capacitistes les gens qui se permettent des commentaires du genre « je saigne des yeux », « Et pourtant, on s’entend qu’il y a maintenant des dictionnaires intégrés dans la plupart des systèmes informatiques d’écriture » ou « on régresse!!! » alors que le message est très clair malgré les quelques fautes. Pourquoi s’acharner sur un sujet qui ne nous concerne même pas directement? Quel est l’intéret?  
 
C’est facile de porter un jugement, de se dire que cette personne-là n’est sûrement pas éduquée, sur « le BS » (expression terrible d’ailleurs), qu’elle est lâche, etc., etc. Pour être honnête, je suis à l’université, je travaille fort et oui, je fais des fautes. Tout le long de mon parcours scolaire, j’ai perdu jusqu’à 20 % de ma note juste à cause de mes fautes alors si j’avais « le choix » de bien écrire, je pense que j’aurais gardé ce 20 % dans mes poches. Et vous savez quoi? J’avais des bonnes notes, car j’avais la capacité de combler mon manque en orthographe par mon contenu… J’ai été chanceuse d’une certaine manière.
 
Étaler les erreurs d’une personne sur la place publique et laisser tout le monde le traîner dans la boue comme ça est terrible. Est-ce que quelqu’un s’est imaginé comment cette personne se sent présentement? Je fais immédiatement un lien avec des commentaires condescendants de profs qui voyaient mes travaux pleins de fautes comme quelque chose fait à la dernière minute, qui se permettaient de me dire que je devrais me relire une dernière fois, d’utiliser un système de correction (alors que c’est ce que j’avais fait) ou de faire corriger mes travaux par un.e ami.e. Parce que oui, tous.tes mes ami.e.s ont une heure à mettre sur chacun de mes travaux d’une dizaine de pages.

Je ne dis pas que la valorisation de la langue n’est pas importante, mais est-ce que la capacité d’une personne à écrire sans faute est réellement un indicateur de ce qu’elle est?   
 
J’ai eu de la chance, moi, car mes travaux n’ont pas été publiés sur Facebook, vus par des milliers de personnes et partagés plus de 200 fois. Alors, à tous ces gens qui sont tellement bons d’avoir un français impeccable et qui font d’eux des personnes supérieures, je vous envoie promener, car ce n’est pas tout le monde qui a votre privilège.