Avez-vous déjà vécu un choc émotionnel tellement violent qu’il vous a paralysé.e? Un choc tel, qu’il vous change à tout jamais et vous fait basculer vers une autre partie de votre vie ? Moi oui, et je me trompe peut-être, mais je crois qu’on ne s’en remet jamais vraiment complètement, dans le sens qu’on peut très bien connaître le bonheur par la suite, mais qu’on ne sera plus jamais la même personne.
Des fois, je me demande ce qui serait arrivé et où je serais dans ma vie si cela ne s’était pas passé. Si je n’avais pas connu cette personne, qui a bouleversé mon existence dès le moment où elle est entrée dans ma vie. Comme le dit la chanson de Feist, the saddest part of a broken heart isn’t the ending so much as the start. On a pourtant tenté de m’avertir. Des amies, sans nécessairement me le dire directement, ont essayé de me faire savoir que cette personne était toxique pour moi. Ma psychologue et ma famille aussi. Pourtant, j’ai persisté dans mes idées. C’était plus fort que moi, j’étais attirée par ce gars comme une mouche à la lumière d’une lampe le soir, et je fonçais à 100 miles à l’heure avec lui vers ce qui ne pouvait qu’être une fin tragique.
Et tragique elle fut. Je ne crois pas avoir vécu quelque chose d’aussi violent émotionnellement et physiquement auparavant, et j’espère ne jamais revivre cela. C’était comme si mon cœur et mon corps se brisaient en mille morceaux. J’ai cru mourir de tristesse. Est-ce qu’on appelle un choc post-traumatique ? Je pense bien. C’est d’ailleurs en partie ce qui m’a fait rechercher la sécurité et la stabilité de façon urgente, et même que cela a peut-être jusqu’à un certain point affecté mes choix professionnels. En fait, plus j’y repense, et plus il me semble évident que cette rupture a eu un rôle fondamental dans mon choix de laisser de côté ma vie instable d’artiste et de me tourner vers quelque chose de plus régulier et concret comme l’administration. J’avais besoin d’au moins une certitude dans ma vie.
Plusieurs années ont passées. Je suis maintenant ailleurs dans ma vie et accompagnée d’un être exceptionnel et doux, qui sait me rassurer et m’aimer. Pourtant, je porte encore une petite tristesse en moi dont je n’arrive pas à me départir totalement. Comme si le passé m’avait amputé une partie de mon cœur. Est-ce que le cœur peut parfois agir comme le foie et se régénérer? Ou bien est-ce que notre cœur métaphorique agit comme notre cœur physique?
Je cherche encore la réponse à ces questions, et il y a des jours ou ça fait plus mal que d’autres. Pourtant, je garde une leur d’espoir en regardant le chemin vers la guérison que j’ai déjà parcouru. En bout de ligne, ça ne peut que rester pareil ou aller mieux, non?