Dans ma vie, on m’a souvent décrite comme une « petite nature ». Quand j’écoute un film, le son est facilement trop fort, agressant. La pièce doit avoir un certain niveau d’éclairage, sinon j’aurai mal à la tête. J’ai facilement froid, et quand il vente, j'ai mal aux oreilles très rapidement si elles ne sont pas couvertes. Au fil du temps, j’ai un peu intégré l’idée qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez moi, que je devais « m’endurcir », que j’étais peut-être juste chialeuse. Mais au fil de la dernière année, en parlant à des ami.e.s, j’ai commencé à réaliser que je suis peut-être juste sensible à mon environnement, que ça ne m’aide pas d’essayer de faire semblant que ce n’est pas le cas, et que cela n’est pas nécessairement un défaut.
Le premier aspect qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est de réaliser que la température extérieure a un impact immense sur mon niveau d’énergie. Quand il fait soleil, je suis en forme, je suis heureuse. Quand il pleut, j’ai souvent le moral à plat, et surtout, peu d’énergie. L’hiver, je fais de la dépression saisonnière et utiliser une lampe de luminothérapie me fait beaucoup de bien. Après, je me suis rendu compte que la manière dont mon environnement est configuré avait aussi ce genre d’impact sur moi. La couleur des murs, la proportion des pièces, TOUT peut m’affecter; c’est rare que j’en parle parce que j’ai l’impression que je passe pour une « folle ». Les pièces longues et étroites, par exemple, me font me sentir coincée, même si leurs dimensions sont assez grandes, tout comme les plafonds qui ne sont pas assez hauts. Les comptoirs de cuisine égratignés me lèvent le cœur, je ne sais pas pourquoi. Si tous les murs sans exception sont blancs, je ressens de l’ennui, voire de la tristesse. Parfois, aussi, je me sens comme si j’étais la vedette de l’émission Hantise, à Canal D : des fois, je rentre à un endroit, et je ne le feel pas. J’ai parfois de la difficulté à identifier exactement ce qui cloche, mais je ressens un malaise presque viscéral. Si j’étais un peu moins terre à terre, c’est clair que je mettrais ça sur le dos d’esprits hantant ces endroits. J’aimerais bien ça être médium, mais je suis juste sensible, c’est comme ça.
Quand j’essaie d’ignorer ces signaux que mon cerveau m’envoie, parce que les gens me font sentir qu’ils ne sont pas adéquats, que j’exagère, je n’arrive pas à m’en débarrasser pour autant. J’arrête d’en parler, mais je ressens ce que je ressens, je n’y peux rien. Mais maintenant que je comprends que je suis comme ça, que je l’accepte, et que j’essaie de réfléchir aux éléments de mon environnement qui me créent des réactions positives ou négatives, je parviens à trouver des solutions pour favoriser mon confort et mon bien-être. Je ne connais pas la cause de cette sensibilité, peut-être que je ne la connaîtrai jamais, mais si je peux la comprendre pour mieux vivre avec elle, j’ai de meilleures chances d’augmenter ma qualité de vie. Par exemple, je peux planifier ma charge de travail en fonction de la météo, et je peux modifier mon décor à la maison en sachant quoi cibler. Maintenant, je ne me cause plus d’anxiété en allant à des soirées où il y a trop de bruit, et je sais quand aller m’isoler avant d’être trop mal. Je sais qu’amener un petit parfum que j’aime peut m’aider à gérer une pièce dont l’odeur me dérange et m’empêche de me concentrer. Réfléchir à cela me fait aussi réaliser que cette sensibilité n’est pas un simple trait négatif de ma personnalité : je remarque beaucoup de choses, j’ai l’œil pour la décoration, et mes réactions positives sont tout aussi intenses que mes réactions négatives.
Alors, si vous avez, comme moi (parce que je ne dois pas être la seule), une sensibilité à votre environnement, si vous êtes une « petite nature », embrace it. Vous méritez d’être bien, comme tout le monde, et c’est correct si vos besoins sont différents de ceux des autres. C’est important de vous écouter, plutôt que de vous comparer. Ça m’a pris longtemps avant de comprendre cette vérité simple, mais je ne suis pas prête de l’oublier.