J’en suis venue à réfléchir sur les raisons qui me poussent à ne pas prendre beaucoup de photos en voyage alors que, pour la première fois de ma vie, je voyageais accompagnée. À certaines occasions, il m’est arrivé de m’exaspérer devant la quantité de pauses photos auxquelles j’étais confrontée et à même me demander si ce n’était pas moi qui passais à côté de quelque chose.
Et c’est alors que j’ai réalisé qu’en général, je ne suis pas une grande « preneuse » de photos. En voyage, c’est encore pire. Je prends des photos de moments, d’occasions cocasses, pour me les remémorer plus tard. Mais les paysages, eux, je préfère les garder dans ma tête. D’ailleurs, je suis de celles.ceux qui prennent un train ou un autobus pour traverser de bord en bord un pays et s’imprégner de chacun des paysages sans s’y arrêter pour photographier.
Pourquoi au juste? Parce que voir le paysage à travers mon téléphone ce n’est rien à côté de simplement prendre une respiration et s’émouvoir de la grandeur du monde. Parce que voyager, c’est vivre le moment présent, prendre les souvenirs dans son cœur et les conserver. En photographiant ces moments si précieux, je sens que je les vis plus pour les autres que pour moi-même. Sinon, pourquoi prend-on une photo si ce n’est pour la montrer?
Pour ma part, je n’ai pas envie de montrer mes photos. Encore moins sur ma page Facebook. Bien sûr, j’ai quelques photos sur mon Instagram, mais si peu. Lorsque je prends des photos, je les garde pour moi la plupart du temps, car sans l’émotion vécue sur le moment, sans l’ambiance dans laquelle nous étions plongées, sans la profondeur du paysage, sans l’odeur et les bruits autour, sans le chemin parcouru pour se rendre jusqu’à cette vue, à ce moment, la photo n’est rien.
À ces facteurs s’ajoute Internet avec sa source incroyable de photos, d’une meilleure qualité que les miennes. Il m’arrive souvent d’éviter de prendre des photos, car je sais que le bâtiment, la vue, la montagne ou la statue que je m’apprête à photographier se retrouve, exactement sous le même angle, en milliers d’exemplaires sur Internet. Alors, je sauve de l’espace sur mon cellulaire et j’attends de trouver cette petite grotte camouflée à laquelle aucun.e touriste n’est parvenu récemment ou alors de manger ce repas traditionnel avec la communauté pour prendre quelques clichés que je garderai, bien entendu, pour moi et mes proches. Et, dans quelques années, quand je montrerai ces clichés à mes enfants, je raconterai toute l’émotion du moment. Ce ne sera pas une simple photo, ce sera un récit de voyage, un souvenir quoi!
Bien que ce soit ma façon à moi de voyager, il n’en reste pas moins que je ne juge pas ceux qui photographient tout sur leur passage. Nous avons chacun notre façon de voyager et si pour certains, montrer leurs photos à leur entourage leur permet de mieux apprécier leur voyage, je les encourage à le faire!