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Quitter le nid familial à 19 ans pour y revenir à 27 : constat d’un (semi) échec
Crédit: Kari Shea/Unsplash

Après mon secondaire, j’avais une envie flagrante de liberté. Je me sentais comme un oiseau en cage dans le 4 ½ que ma mère et moi partagions. Crise d’adolescence oblige, tout me tapait sur les nerfs et je n’avais plus le gène du bonheur facile. Deux ans plus tard, j’achevais mon parcours collégial en animation radio à la Cité et j’acceptais un stage rémunéré à Edmundston, au Nouveau-Brunswick. En deux temps, trois mouvements, j’étais en chemin vers une nouvelle aventure ô combien attendue. C’était peut-être un peu intense de quitter ma famille et mes amis à 19 ans pour déménager à neuf heures de route de la maison, mais c’était exactement ce dont j’avais besoin et j’en ai profité au maximum. Puis, presque un an plus tard, j’ai décidé de revenir dans mon patelin et d’accepter de nouveaux défis.

Je me suis trouvé un appart dans une rue un peu louche d’un quartier pas très beau. Mais c’était la seule chose que je pouvais me permettre. Pis c’était correct. À 20 ans, on n’est pas trop difficile. Ensuite, je suis retournée aux études et j’ai opté pour un bac en enseignement au secondaire. Pour ceux.elles qui ne le savent pas, nos stages (quatre au total et échelonnés sur plusieurs mois) ne sont pas payés et on nous conseille fortement de ne pas travailler en même temps pour qu’on puisse s’investir davantage dans nos classes. SCOOP : quand tu as un appart, une voiture, des frais universitaires, une épicerie à payer… ne pas travailler, c’est hors de question. J’aurais pu choisir de retourner vivre chez ma mère, c’est vrai. Mais quand tu quittes la maison, c’est plutôt difficile d’y revenir. J’ai donc persévéré. J’ai pris des prêts étudiants, j’ai magasiné à rabais, je me suis quêté des soupers chez des amis et de la famille. Quand j’ai finalement terminé mes études, je me suis dit que le plus dur était passé et que j’allais devenir beaucoup plus indépendante financièrement.


Crédit : Giphy
LOL

J’ai vite compris l’équation suivante : être bachelière = rembourser ses prêts. Le montant équivaut à un loyer mensuellement. J’ai beau avoir un job dans mon domaine, être prof, ce n’est pas rouler sur l’or. Après huit ans de vie en appart (dont trois différents), j’en suis venue à la conclusion rationnelle que je devais retourner chez môma afin de survivre et de rembourser mes dettes. Quand j’ai pris cette décision, j’ai pleuré. Fort. J’ai 27 ans, j’ai un emploi stable, mais je retourne vivre chez ma mère. Ouch. Ça fait mal à l’orgueil. Mon malaise était amplifié par le fait que je me comparais aux autres : mes amis sont rendus parents, ils ont des maisons, des condos, parfois même un bateau. Pis moi, j’emballe mes meubles IKEA et je vends mes électros et presque tout mon stock pour que la majorité de mes choses fittent dans mon ancienne chambre d’adolescente. C’est ordinaire en ta&%$&!

Fait que c’est ça. Je suis chez ma mère depuis un mois maintenant. L’ajustement a été très difficile. La première semaine, on marchait littéralement sur des œufs. Je défaisais des boîtes pas assez vite à son goût, je laissais traîner des cheveux dans le lavabo de la salle de bain, j’écoutais Netflix trop fort, je me couchais trop tard (WHAT?!), etc. De mon côté, je lui reprochais de gaspiller plein de bouffe (elle achète presque tout au Costco — même si elle vit seule — et oublie que les pots de yogourt format géant seront périmés dans deux jours), de ne pas être capable de faire des changements aussi petits soient-ils et, le plus important, de lire le Journal de Montréal #JokePasJoke

Bref, ça a pris plusieurs accommodements (raisonnables) et des cours de yoga pour que je trouve une certaine zénitude dans ma nouvelle réalité. Ce n’est pas encore parfait et je ne m’attends pas à ce que ça le devienne. Mais on s’adapte. On communique mieux. Il y a quand même de bons côtés à retourner vivre chez ses parents : j’ai du café fraîchement préparé quand je me lève le matin, j’ai des légumes VARIÉS dans mon assiette au souper et j’ai retrouvé mon chien que j’avais dû laisser chez ma mère entre deux apparts (interdiction d'animaux de compagnie oblige).


Crédit : Marie-Eve Perso (Zorro le chien)
 

Depuis une semaine, j’essaie de faire le ménage dans mes émotions et de me concentrer sur le positif. De toute façon, c’est une situation temporaire. Je fais mon possible pour voir ça moins comme un échec et plus comme un tremplin entre deux réalités : celle d’étudiante et celle d’adulte (réellement) épanouie. Je fais des efforts en tout cas. Les jugements attendront. Les miens du moins. 

D'ici là, je suis très occupée, j'ai des pots de yogourt du Costco à manger!

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