Bien avant le déménagement de ma coloc, j’appréhendais son départ, et ce depuis plusieurs semaines. C’était un évènement dont j’avais horreur : je me disais que le fait qu’elle quittait notre appartement voulait aussi dire qu’elle quittait ma vie et notre amitié.
Par chance, j’avais une autre amie qui venait prendre sa chambre. Mais ça ne voulait pas dire qu’elle venait prendre sa place. C’était quelque chose que je devais comprendre et m’efforcer d’accepter.
J’ai été très anxieuse le mois où son départ était fixé. C’est quelque chose dont je n’ai jamais discuté avec elle, d’ailleurs. J’avais peur d’avoir de la difficulté à accepter qu’elle parte, qu’elle s’en aille, qu’elle quitte notre colocation.
Les deux années avec elle ont été magiques. Je l’ai connue dans le temps où j’étais sa boss dans un job quelconque. Elle est devenue rapidement mon amie très proche et par la suite… Ma première coloc après ma séparation amoureuse en 2014. Nous étions sur la même corde : deux universitaires célibataires qui ne demandaient qu’à vivre, respirer et s’inspirer l’une et l’autre en tant que femmes.
C’est bien certain que nous avons eu nos hauts et nos bas, mais j’avais beaucoup de difficulté à m’imaginer vivre sans elle. Après tout ce qui m’était arrivé il y a bientôt trois ans, je n’avais pas pensé une seule fois à l’après de notre colocation. Jusqu’au dernier mois de son départ.
J’aurais aimé lui dire comment je me sentais à ce moment, mais j’étais déchirée entre la peur et la frustration, malgré moi. Je sais que nos vies ne tournent pas l’une autour de l’autre, mais parfois on s’habitue tellement à quelqu’un.e, que la fin de « nous » semble impossible.
Il faut dire que tout s’est fait tellement vite et que je n’ai pas eu vraiment le temps d’assimiler ce qui se passait : un soir elle m’annonçait qu’elle partait et un matin, elle n’était déjà plus là. C’était le même effet que d’arracher un diachylon.
Le silence de sa chambre vide me rendait triste. Durant la semaine où j’attendais que celle-ci soit occupée par ma nouvelle coloc, j’ai fermé la porte de la pièce. Ça m’évitait non seulement d’oublier le vide, mais aussi de faire taire l’écho de la pièce qui faisait résonner tous mes moindres faits et gestes. On dirait que je remarquais encore plus son absence à ces moments précis.
Mais dans le calme de son départ, j’ai finalement accepté que sans me séparer d’elle, je devais la laisser partir. Au fond, elle ne m’avait jamais appartenue : notre amitié était très fusionnelle, mais cela ne voulait pas dire pour autant que j’oubliais l’unicité de sa personne.
Je m’ennuie parfois – souvent. Mais l’important, c’est ce que nous avons vécu en tant que roomies et amies.
Puis ça, c’est unique à nous.
#LoveYouGooby
Crédit : Catherine Légaré