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La violence sexuelle en contexte amoureux… ça ressemble à quoi?
Crédit: Priscilla Westra/StockSnap

Le présent billet utilise un langage inclusif de tous les genres afin de représenter toutes les personnes ayant vécu une ou des violences sexuelles en contexte amoureux. Il est statistiquement démontré que les personnes en situation d’oppression sociale, notamment les personnes trans, les personnes non-binaires et les femmes, sont les plus sujettes à subir des violences sexuelles. 
 
C’est à partir de 1983 qu’il devient possible de déposer une plainte d’agression sexuelle contre son ou sa partenaire de vie. Avant? C’était le devoir conjugal. Le Code criminel ne prévoyait même pas cette possibilité. On se faisait violer par autrui, pas par son ou sa conjoint.e. Si le code a changé, c’est parce que bien avant cette modification, différentes personnes ont pointé cette aberration et ont travaillé pour une loi différente. Une loi qui reconnaîtrait que même dans la sphère conjugale, les agressions existent. Parce qu’on a le droit de dire non, à n’importe qui.

Les émotions présentes dans une relation amoureuse, voire même une fréquentation, un fuck friend ou un kick, sont particulières. Que « l’amour amoureux » fasse partie des émotions ou non, nous faisons face à un rapport humain tissé par l’intimité et la proximité. Lorsque la violence sexuelle est présente dans une telle relation, le rapport affectif qui l’entoure donne aux impacts de la violence un caractère qui lui est propre. Le viol fait toujours mal, mais il fait mal à des endroits différents selon qui nous l’a fait subir. Parfois, on ne sait même plus si on a le droit de dire que c’est une agression.

Être victime de la personne qu’on aime, ça s’explique mal avec des mots. Ça laisse beaucoup d’incompréhension, mais surtout un sentiment de culpabilité gros comme l’Everest. C’est ainsi que s’installe bien des préjugés à l’égard des personnes qui verbalisent un vécu d’agression par leur chum ou blonde ; pourquoi n’est-elle pas partie avant, pourquoi est-elle toujours avec, pourquoi l’excuse-t-elle, pourquoi n’en a-t-elle pas parlé? On est drôlement (genre #LolPasLol) dans un discours dégoulinant de culture du viol, où l’on cherche à disséquer le discours de la victime, trouver le bout où celle-ci n’a pas été la victime parfaite, sans pour autant responsabiliser l’agresseur, sans non plus être attentif au contexte relationnel.

Bien que l’image répandue du viol dans les cris, le sang et les coups existe vraiment (et malheureusement), les agressions et violences sexuelles se déclinent dans un large éventail. Elles font toutes mal, il n’y a pas ici de hiérarchie. Il faut malgré tout le rappeler, car lorsque l’on s’éloigne de l’image typée, le doute est souvent semé. Surtout quand on connaît le discours ambiant qui demande habituellement – mais pas seulement – aux femmes d’être dans l’abnégation de leurs désirs ou leurs non-désirs. Bref, se concentrer sur ce que l’autre veut, satisfaire l’autre à tout prix, se sentir mal si on ne le fait pas. Une agression, ce n’est pas seulement forcer une pénétration, c’est continuer lorsque l’autre n’a pas envie, c’est tous actes ou pratiques sexuelles qui n’ont pas été consentis.

Tout comme la violence sexuelle dépasse les gestes propres à l’agression, ces violences se manifestent au-delà des actes physiques de la sexualité. Par exemple dénigrer, le corps ou les « performances » de l’autre, utiliser des menaces de tromperie pour obtenir un consentement, diffuser publiquement sans accord des photos nudes ou sextos partagés dans l’intimité, installer une dynamique de culpabilité plus ou moins subtile par rapport à la sexualité du couple. La liste des exemples pourrait continuer, évidemment. En plus du rapport intime et affectif au sein du couple, le temps passé avec l’agresseur vient aussi avoir son effet. Il est plus ardu d’identifier qu’une relation est empreinte de manipulation lorsque celle-ci prend beaucoup de place dans notre vie.

Un vrai consentement, c’est quoi? C’est spontané, c’est enthousiaste, c’est libre et éclairé. Le consentement n’est pas quelque chose que l’on donne une fois et qui demeure valide ensuite pour toujours. C’est quelque chose que l’on doit renouveler, c’est aussi quelque chose que l’on peut retirer à tout moment. Le meilleur indice, c’est de bien se sentir. Ça sonne possiblement quétaine, mais c’est ça. Ce n’est pas plus compliqué. La pression, la culpabilité ainsi que la manipulation peuvent amener à dire oui, alors que l'on voudrait dire non. Ce n’est donc pas un véritable consentement. La question ici n’est pas d’avoir à signer de son sang un contrat notarié, mais plutôt de se soucier et de s’assurer du bien-être de son ou sa partenaire.

Se rendre compte ou même s’avouer que des violences sexuelles sont présentes dans notre relation, et donc que l’on en est victime, n’est pas un processus aisé. Si on se pose des questions, cela indique quelque chose. Par crainte des jugements, parce que l’on ne connaît rien d’autre, parce que cela est confrontant face à nos propres valeurs, parce que l’on ne se sent pas prêt.e à quitter l’autre ou pour plein d’autres raisons, il arrive que l'on demeure seul.e avec nos interrogations. Sauf que rien n'oblige à être la fameuse victime parfaite ou à avoir toutes les réponses. On peut avoir besoin de continuer la relation, on peut avoir besoin de tester si ça peut fonctionner autrement. Tout le monde possède son propre rythme, chaque personne fait les choses comme elle le peut, avec ce qu’elle est et ce qu’elle a.

Le plus important? Ne pas rester seul.e. Ne pas s’isoler. Si notre entourage est positif et adéquat, se tourner vers nos proches. Aussi aller vers des services pour les victimes de violences sexuelles et/ou de violence conjugale. Pour poser ses questions, discuter de la situation, échanger à propos de ce qui nous arrive.

Au risque d’avoir l’air de croire aux Calinours, je tiens à rappeler qu’une relation amoureuse devrait être un lieu d’épanouissement et de bien-être, qu’on a tous.tes le droit de s'y sentir bien et en sécurité.
 
Le Laboratoire d’études sur la violence et la sexualité (UQAM) est à la recherche d’hommes et de femmes hétérosexuel.les âgé.e.s de 14 à 25 ans  pour participer à un projet de recherche portant sur les relations amoureuses, la sexualité ainsi que les difficultés qui peuvent survenir en contexte de couple.  En quoi consisterait votre participation? Remplir un questionnaire en ligne (30-45 min).

En remplissant le questionnaire, vous aurez la chance de gagner un de nos trois prix de participation! Confidentialité et anonymat assurés.

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