La fin de semaine dernière, je me suis enfin décidée à faire le ménage de la pièce arrière. Vous savez, LA pièce arrière? Celle qui recèle des souvenirs enfouis dans des boîtes qu’on n’ouvre jamais, de peur de ne savoir par où commencer pour trier tout ça? Armée de courage et animée par une motivation dont je ne comprends toujours pas l’origine, mais qui était bien fortuite, j’ai enfin décidé d’affronter ces piles de livres, de cahiers, de CDs, de photos, bref, de tout ce qui a marqué les quinze (!) dernières années.
Ce que j’ai trouvé m’a bouleversée. Je pensais me faire chier à trier de papiers sans importance pendant des heures, mais à la place, je me suis replongée dans ma vie d’il y a cinq, dix, quinze ans. À chaque partition, lettre, CD, démo, ou carnet de croquis retrouvé, j’avais l’impression de revivre des fragments de ma vie, parfois joyeux, parfois difficiles. J’ai ouvert la boîte qui contenait les anciens CDs dont la musique a marqué mon adolescence et qui ont forgé mes goûts musicaux. Chaque disque me rappelait des moments précis, des sensations, des odeurs, telles les madeleines de Proust.
Je suis aussi tombée sur mes notes d’examen et de concours de chant. J’ai relu les commentaires des juges et regardé le répertoire que je travaillais. J’ai ouvert mes anciennes partitions dans lesquelles se trouvaient toutes mes notes et qui ressemblaient à un chantier. Tout cela me semblait si loin et pourtant, le souvenir était si vif qu’il en était presque tangible. Je me souvenais de la pression que je ressentais dans ma quête pour la perfection vocale lors des concours et des auditions, et à quel point c’était angoissant. Je me souvenais de l’ambiance compétitive qui régnait entre les chanteurs et à quel point cette compétitivité était malsaine…
Puis, j’ai retrouvé un cartable que je croyais depuis longtemps perdu : mon sketch book. J’avais complètement oublié ce pan de ma vie et cette facette de moi. Pourtant, la preuve était bien là et c’est avec nostalgie que je me suis mise à le feuilleter. J’avais envie de pleurer tellement j’étais émue.
Toutes ces découvertes m’on fait prendre conscience du temps qui passe et à quel point chaque moment de la vie est fragile et éphémère. On n’a pas tendance à vraiment s’en rendre compte, surtout quand on mène une vie bien remplie, mais au risque de sonner quétaine, chaque instant est précieux puisqu’il ne reviendra jamais. Chaque souvenir a forgé les personne que nous sommes devenues.
En revivant mes bonheurs et mes douleurs d’adolescente et de jeune adulte à travers ces biens matériels, j’avais envie de pouvoir retourner dans le passé et de me dire des mots de réconfort. De parler à mon moi plus jeune et de lui dire « This too shall pass ». De ne pas prendre la vie trop au sérieux, par ce qu’elle passe très vite. Autant la savourer.