Je suis la fille de groupes. Celle qui réussit à se faire des ami.e.s à travers des personnes plus extraverti.e.s qu’elle-même. Celle qui parle à un peu tout le monde et qui s’inclut à des rassemblements en étant gentille et en ne dérangeant pas trop. Celle à qui l’on dit de venir à la dernière minute parce qu’elle est dans le coin ou celle qui doit s’imposer dans des rencontres pour enfin sortir quelque part. Celle que tout le monde aime un peu, mais pas assez.
Je n’ai jamais vraiment eu de meilleur.e ami.e. Quelqu’un.e avec qui je partage tout et que je peux appeler à n’importe quel moment pour des soirées spontanées inoubliables. C’est que je suis à l’aise seule à seul.e avec un nombre infime de gens. Je perds plus facilement ma timidité lorsque nous sommes au moins trois personnes dans une pièce. J’appartiens à plusieurs de ces petites bandes, mais je ne suis jamais complètement intégrée. Je ne fais pas partie de la bande, je m’y ajoute. Il est rare qu’on choisisse de me voir, qu’on m’invite particulièrement quelque part en dehors d’un grand événement. Je suis l’amie qu’on apprécie, mais je ne suis jamais le top 1.
C’est donc très dur lorsque ces petits groupes d’ami.e.s se dispersent, qu’ils.elles font de nouvelles rencontres ou déménagent ou que c’est simplement les vacances et qu’il n’y a plus l’école chaque jour pour nous réunir. Je ne vois plus personne. Mes journées se ressemblent horriblement, elles en deviennent monotones. J’observe ces groupes dans lesquels j’avais une place auparavant s’amuser sans moi et je les envie. Et même dans l’éventualité où je sors enfin avec eux, je me sens exclue, les conversations sont futiles, les malaises palpables et j’ai l’impression qu’on me convie par dépit ou par pitié.
Ce n’est pas facile d’être la fille de groupes. Ironiquement, je me sens extrêmement seule. Même entourée de gens. Je me sens même parfois plus seule après une sortie qu’avant l’événement. 1. Parce que je ne sais pas quand une telle sortie se reproduira. Et 2. Parce que ces moments ne sont pas satisfaisants émotionnellement. Je ne suis pas partie intégrante de ce qui se passe, même si je fais de grands efforts pour le devenir. De nombreux indices moins que subtils glissés dans des conversations à propos de sorties que j’aimerais voir se réaliser et des réponses plus que vagues ou inexistantes m’ont fait abandonner.