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Eux et Nous de Patrick Isabelle. Une (presque) trilogie qui fait mal. Littéralement.
Crédit: Marie-Eve Boisvert

La première fois que j’ai lu Eux de Patrick Isabelle, c’était en 2015. Un an après sa sortie officielle en librairie. Je travaillais au Archambault et je plaçais des livres jeunesse (entre autres) quand ce roman m’est tombé sous la main. La couverture m’avait interpellée par son côté noir et épuré. Après un (très) rapide coup d’œil au résumé, je l’ai acheté. De retour chez moi, je m’y suis plongé et je l’ai dévoré en une heure trente top chrono #JuréCraché. Je pense aussi que j’ai arrêté de respirer pendant ce laps de temps!

De prime abord, sachez que je ne suis pas facilement impressionnable. Je me qualifie de « boulimique littéraire ». Je lis de tout, tout le temps. C’est sûr que mon travail de prof de français aide à cultiver cet amour de la littérature, mais jamais un livre n’avait laissé une si grande trace en moi comme l’a fait Eux. Encore aujourd’hui, des années et cinq relectures plus tard, je garde le même discours.

Eux, c’est le premier roman jeunesse d’une trilogie qui n’a rien de « jeune » ou d’« immature ». C’est un roman noir. Coup de poing. Un roman qui fait mal par son côté cru, sa violence insidieuse, ses mots aussi tranchants que poétiques. Eux, c’est aussi un appel au secours. Une critique sociétale (ô combien nécessaire) sur l’intimidation et ses effets sur le développement psychologique d’un adolescent. C’est 107 pages qui nous entraînent, sans détour, vers la détresse, celle du personnage principal comme celle du lecteur – par empathie. Eux pose un regard troublant sur les victimes comme sur les intimidateurs, mais aussi sur la majorité silencieuse. Celle qui regarde, sans réagir. Celle qui accepte la violence faite sur autrui en se disant « Bah, c’est pas à moi de m’en mêler. Quelqu'un d'autre le fera ». #Aurore


Crédit : Giphy
 

Ni juge, ni bourreau, Patrick Isabelle ne tombe jamais dans la victimisation ou les clichés. Ses mots ne condamnent ni ne louangent les gestes posés par ses personnages. Même pour nous, lecteur.trice.s, c’est difficile de prendre position à savoir qui sont les vrais coupables du drame présenté dans cette histoire. Et c’est exactement pour ça que ce livre est si important.

Dans Nous, le 2e tome paru en 2016, le style d’écriture ne change pas. Il est aussi dur, réaliste et concis. L’auteur développe la suite du roman en priorisant encore une fois les thèmes de la marginalité, la spirale de la violence et cette parcelle de noirceur qui se retrouve dans chacun d’entre nous. Celle qui, si on l’entretient par des mots haineux, par une hypocrisie en lien avec la douleur adolescente ou tout simplement par un silence pesant, peut créer des monstres. Littéralement.

Je fais lire le premier tome à mes élèves de 3e secondaire depuis quelques années maintenant et jamais je n’ai eu autant de belles discussions sur les aléas de l’intimidation et la violence en milieu scolaire. Les ados ont besoin davantage de livres comme ceux-ci, même s’ils sont durs, même s’ils nous chamboulent. Les adultes aussi.
 


Crédit : Giphy

Lui, le troisième et dernier tome de la série, sera disponible à partir du 28 août (!!!). 

D’ici là, bonne lecture! 
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