Un jour je me baladais sur les réseaux sociaux, as always, quand je suis tombée sur les photos des finissant.e.s de l’École nationale de l’humour. Parmi les photos, une personne particulièrement badass a attiré mon attention.
Nous le savons tou.te.s, le domaine de l’humour est un milieu d’hommes, majoritairement blancs, où la diversité tarde parfois à se faire sentir. J’ai alors trouvé vraiment cool qu’on mentionne le fait que cette année a été graduée la première femme noire de l’ÉNH. Afin d'en savoir un peu plus sur Garihanna,
j’ai créé un questionnaire dans le même genre que « Son petit look », mais d’inspiration féministe afin que celle-ci puisse nous partager un peu de sa greatness.
Si vous ne la connaissez pas, je ne sais pas ce que vous attendez pour aller vous divertir sur sa page Facebook ou la suivre sur Instagram!
1. Âge/Genre/Ville?
27 ans – Femme – Montréal
2. Occupation
Étudiante
3. Pour toi, c'est quoi le féminisme?
Le féminisme est un mouvement qui a pour objectif de promouvoir l'égalité
entre l’homme et la femme. L'égalité sociale, culturelle, politique et économique, etc.
4. À quel moment tu t'es dit « moi, je suis féministe » et qu'est-ce que ça a changé pour toi?
Je ne peux pas dire que je me suis réveillée un matin en me disant que : « à
partir de maintenant, Je suis féministe! »
Parce que je veux croire qu’au fond de moi, je l’ai toujours été. C’est à l'âge adulte que j’ai pris conscience que la société faisait une différence entre le rôle de la femme et celui de l’homme. J’ai compris que la société me disait quoi faire et quoi ne pas faire sous prétexte que j'étais une femme. À la maison, chez moi (je ne dirai pas que c’est le cas pour toutes les familles d’origine haïtienne), mes parents n’ont jamais fait de différence dans la façon dont ils élevaient mon frère, ma sœur et moi. Nous étions tou.te.s sur le même pied d’égalité. On a tous appris à faire le ménage, à cuisiner, laver, changer un pneu, etc. Il n’y avait pas de discrimination au sein de ma famille.
Par contre, à l'école, il en était autrement. Ayant passé toute ma vie dans une école congréganiste, on nous rappelait souvent (de manière directe ou indirecte) qu’une jeune fille doit savoir faire la cuisine, qu’elle doit savoir coudre, garder son uniforme propre et avoir une allure soignée et impeccable, etc., alors qu’un jeune garçon joue au football et fait de la maçonnerie par exemple. Je me souviens qu’à l'école, j’avais droit à des cours de couture et de cuisine obligatoires, alors que mes amis et mon grand frère qui allaient dans une école de gars n’avaient pas ce genre de cours dans leur cursus.
5. Quelle place occupe le féminisme dans ta vie?
Je n’ai pas pensé à la place qu’occupe le féminisme dans ma vie. C’est plutôt un
lifestyle. Je n’y pense pas, je le vis.
6. Qu'est-ce qui t'énerve dans la vision que les gens ont du féminisme?
Ce qui m'énerve le plus, c’est que les gens demandent la permission d’avoir des droits égaux et un respect égal à celui des hommes. Alors que dans ma tête, you don’t have to ask for it! You don’t have to fight for what’s yours. You just take it.
7. Les choses les plus lol qu'on t'ait dit?
Les choses les plus drôles ne sont pas par rapport au féminisme. C’est plutôt par rapport à ma couleur de peau et mes origines lol.
8. Il y a une personne qui t’a inspirée?
Ma mère et ma sœur. Tellement femmes, tellement fortes.
9. Qu’est-ce qui te rend le plus fière en ce moment dans tes actions militantes?
De faire ma place dans un milieu artistique qui est majoritairement dominé par les
hommes.
10. 3 lectures que tu recommanderais à tout le monde?
L’alchimiste (Paulo Coelho)
Still I Rise (Maya Angelou)
Aleph (Paulo Coelho) (maybe something else)
11. Pour toi, ça implique quoi être militante?
Être militante, c'est dans mon style de vie, tant dans ma façon d’agir et de réagir. Je veux croire que je n'ai pas à brandir une pancarte pour que le monde sache que je milite. Je le fais dans ma vie de tous les jours, dans mes actions quotidiennes, dans mon langage verbal et non verbal.
12. Comment voudrais-tu que le féminisme évolue? Quelle est ta plus grande critique du féminisme actuel?
Du mouvement actuel?
J’aimerais tout simplement que dans les années à venir, nous n’ayons plus à parler de féminisme parce que l’homme et la femme seront enfin sur un même pied d’égalité.
13. Il y a-t-il des mouvements, groupes, organisations que tu aimes plus particulièrement?
Il y a des mouvements qui me tiennent particulièrement à cœur, je cite par exemple
le Black Girl Magic et le Black Lives Matter entre autres.
14. Qu'est-ce que tu as découvert sur toi-même en prenant part à ce mouvement?
Ça m’a toujours énervée de voir les représentations tellement négatives de la femme noire dans les médias, mais grâce au mouvement, j’ai compris que ce n’était pas aux autres de célébrer ma beauté et mes réalisations en tant que femme et surtout en tant que femme noire, mais que c’était plutôt à moi de le faire dans l'espoir de contrer la vague de négativité que la société place sur les femmes noires, mes sœurs, ma mère, moi. J’ai compris que je pouvais et que j’avais le devoir d'être un vecteur de changement.
15. Qu'est-ce que tu penses qu'il reste à faire dans la lutte féministe?
Il reste à prendre NOTRE place. Et il reste que nous, les femmes, nous acceptons les répercussions de cette lutte féministe. C’est un travail qui se fait à deux : hommes et femmes! Parce que le féminisme, ça va dans les deux sens! Il nous reste encore à montrer à nos jeunes et à nos enfants que ce n’est pas la société qui doit leur dicter quoi faire, quoi aimer et comment agir.
Et cela commence dès le berceau! Fini les baby showers roses pour les filles et bleus pour les gars! Ça peut paraître banal, mais tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas changé ça, il nous restera encore tout à faire! Parce que la société nous dresse encore en tant que femme. Même si nous voulons y croire autrement.