*Attention, ce texte parle de violence physique et psychologique.
C’est arrivé dans une relation amoureuse il y a plusieurs années et c’était la première fois où je tombais vraiment en amour.
J’avais une confiance plus qu’aveugle en lui. J’aurais pu faire n’importe quoi pour nous deux et personne ne pouvait nous séparer. J’avais l’impression qu’on était des âmes sœurs et qu’on était invincibles. Comme dans les histoires littéraires tragiques, je ressentais une passion tellement intense pour lui, que je ne voyais pas la vraie nature de notre relation. Être en amour avec quelqu’un d’impulsif, de menteur, de violent physiquement et verbalement à l’adolescence, c’est plus difficile qu’on ne peut même l’imaginer.
Quand nos yeux se sont croisés pour la première fois, j’ai eu un pincement au cœur qui m’a incroyablement étourdie. On s’est souri et on est tombés amoureux comme ça – dans la fébrilité d’un regard, dans le rythme du tambour dans nos corps, dans l’instant de ce moment partagé ensemble. C’était un amour passionnel et tourmenté : j’étais ensorcelée par lui.
Dans l’intensité incontrôlable de notre relation, j’ai vécu un tourbillon d’émotions. Il m’a trompée plus de fois que je ne peux le compter sur mes doigts. Il m’a utilisée pour tellement de choses. Il m’a menti sur tout et sur rien et pour des raisons plus farfelues les unes que les autres. Il était jaloux, possessif et tellement contrôlant. Il me jetait et me reprenait comme bon lui semblait. Il m’a menacée, bousculée, harcelée et m’a frappée… Une fois.
Mais je l’aimais tellement que de me séparer de lui et de faire le deuil de nous était pire que ce qu’il me faisait vivre tous les jours. Alors je suis restée et j’ai continué à vivre la violence qu’il usait de toutes formes sur moi.
Je me sentais petite, seule, incomprise, abandonnée, jouée, trichée… Rien au monde ne me faisait autant de mal que d’être avec lui, mais en même temps, il était tout pour moi.
C’est difficile à expliquer parce que dans la naïveté de mon premier amour, je mélangeais les sentiments et les actes de violence. C’est quelque chose qui peut être très dur à distinguer lorsque quelqu’un l’utilise pour nous faire croire que c’est sa façon à lui de nous aimer.
Ça prend une dose de courage incroyablement énorme pour finalement se sortir de ce genre de relation. Même après celle-ci, j’ai continué à le fréquenter de temps à autre pendant plusieurs années. C’est comme si je n’étais jamais vraiment capable de me dégager de l’emprise qu’il avait sur moi.
Puis un jour, j’ai été au restaurant avec lui. Il a parlé sans arrêt pendant tout le repas et je n’ai absolument rien écouté de ce qu’il racontait. J’avais l’impression que c’était la dernière fois que je le voyais et ça me faisait un bien énorme – étrangement. J’ai réalisé que j’étais enfin prête à le laisser partir après toutes ces années et toutes les horreurs qu’il m’avait fait endurer. C’était finalement le temps de me détacher de lui : j’étais libre.
J’ai pris du temps pour comprendre la dynamique de notre relation et surtout, pour réaliser ce que lui m’avait fait pendant beaucoup trop longtemps. Je n’ai pas envie de mettre ça sur le dos de mon âge, car c’était une question d’expérience et de circonstances. Cela a forgé une partie de qui je suis aujourd’hui, mais ça fait partie du cheminement que j’ai fait au travers de tout ça.
Peut-être que j’aurais dû écouter la petite voix en moi et me détacher de la toxicité de lui, de nous et de notre relation. Peut-être que de continuer à le voir pendant de nombreuses années même après notre amour, n’était pas une bonne idée. Peut-être que si j’en avais parlé avant, je ne serais pas là à raconter cette histoire si triste de mon adolescence.
Parce que même avec toutes les années passées, je suis encore aujourd’hui incapable d’oublier ce qu’il m’a fait. Mais en le partageant, je me sens mieux – beaucoup mieux. Puis ça, c’est important que vous le sachiez.