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Je suis tombée pour un chaud lapin
Crédit: Felix Russel-Saw/Unsplash

Il aime les femmes, il en raffole. Plus souvent qu’autrement, celles de mon genre intéressées par le sien sont flattées de l’intérêt qu’il leur porte. Nous sommes sensibles à ses attentions, à ses paroles louangeuses. Sensibles à son désir viscéral qui parle plus fort que tous les compliments du monde. À son regard respectueux qui se fait pénétrant que lorsqu’on l’invite à l’être.
 
Il fait bien ça. Gentleman féministe, il ramasse la facture et s’assure qu’elles jouissent avant lui. Elles ne sont pas pour lui des objets, mais il se plaît tout de même, avec leur permission, à les collectionner.
 
Je suis arrivée avec l’intention de me changer les idées. Une histoire d’une soirée, d’un verre, d’une discussion enflammée. Je n’allais même pas le laisser approcher ma chambre à coucher. Encore moins mes sentiments. Mais il fait bien ça. Contre sa personnalité, je me suis pété la gueule. Amoureuse, je suis tombée.
 
Il l’a dit en premier. J’avais très bien entendu, mais je n’ai rien écouté. Rendu là, je savais qu’il faisait bien ça. Il est un homme de relation, ajoute-t-il. Il veut du sérieux. Sauf que je connais sa nature, elle est de celles dont on ne s’approche pas dépourvu.e d’une armure.
 
Mes ami.e.s et les autres me disent de courir. Je le pense aussi, mais, au sol, mes pieds restent bien ancrés. Du suicide émotionnel.
 
La femme que je suis meurt d’envie de pouvoir le rassasier. De satisfaire la bête sauvage qu’il est. D’être, j’ose l’espérer, à jamais assez. Mais je ne suis qu’une. Et quoi que je fasse, je le demeurerai.
 
Je sais. Je sais qu’il y a plus. Il serait bien réducteur de ma part d’insinuer que seule la chair, son abondance, dicte ses désirs, dicte son cœur.
 
Je connais sa dualité. Je l’admire même. J’apprécie l’être complexe qu’il est, follement.
 
Autant j’en suis folle, autant je le crains. J’ai peur, je l’admets. C’est un sentiment que je connais bien, la peur. Elle me suit, mais sa présence est souvent bon signe. Elle accompagne le risque qui est bien peu solitaire. C’est pourquoi elle m’influence rarement.
 
Je me lance tête baissée. J’accepte l’amour qu’il m’offre, consciente que, de ce dernier, il est à la fois chiche et généreux. Après tout, je suis écrivaine, et quelqu’un que j’estime me dit un jour que, pour écrire, il faut vivre.
 
Avec lui, je vis.

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