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La « Crazy Cat Lady », un stéréotype sexiste?
Crédit: Veronika Homchis/Unsplash

Curieusement, lorsqu’une femme témoigne son amour pour son ou ses compagnons félins sur les réseaux sociaux, les mots « Crazy Cat Lady » se font inévitablement voir dans la section commentaires. Certaines les utilisent même de façon autodérisoire – je suppose – sans en connaître les implications.

Non seulement on ne retrouve pas d’équivalent masculin à l’expression, mais il existe aussi un flagrant double standard quant à l’image que les gens se font des propriétaires de chats, selon qu’ils soient hommes ou femmes.

Par exemple, vous ne verrez jamais quelqu’un douter de la santé mentale d’un homme qui n’a pas peur d’étaler au grand jour l’affection qu’il porte à ces adorables boules de poils. Des études montrent d’ailleurs que les amoureux des chats sont plus susceptibles d’être perçus par les femmes comme étant sensibles et attentionnés.

En revanche, on ne peut pas en dire autant du stéréotype de la Crazy Cat Lady (« folle aux chats »), qui résulte d’un fort lien historique et culturel sexiste entre les femmes et les félins. Étymologiquement, tout un champ lexical péjoratif a été conçu afin d’associer des caractéristiques typiquement féminines cissexistes aux chats, réputés pour être des bêtes sournoises, impénétrables et difficiles à satisfaire. Notamment, les mots catty (qui se dit d’une femme perfide et malveillante), cougar (en référence aux femmes préférant les hommes plus jeunes), kitten (une fille sexy) et pussy, désignant à la fois le vagin et un homme lâche. Tous des termes qui servent, en gros, à objectifier les femmes, c’est-à-dire les réduire à leurs organes génitaux ainsi qu’à leur « potentiel sexuel » auprès de la gent masculine.

Dans ce même esprit, le stéréotype de la Crazy Cat Lady représente une femme vivant seule, sans mari ni conjoint, souvent dépeinte comme obstinée, capricieuse et aux prises avec des inaptitudes sociales, donc – forcément – condamnée à mourir seule, entourée de ses neuf chats. Pour faire court, si vous êtes une femme célibataire et que vous n’abaissez pas vos « standards » aux hommes cishétéro qui vous courtisent, il est fort probable que vous deveniez cette dame :

Crédit : Capture d’écran via Humour/Facebook

D’une part, il est très hétérosexiste d’omettre l’identité de la personne visée et d’assumer que celle-ci soit attirée par le genre opposé. Cela renforce la notion culturelle essentialiste d’après laquelle la féminité et la masculinité seraient complémentaires, suggérant ainsi qu’une femme, puisqu’inférieure à l’homme, ne peut être un individu à part entière que si sa vie amoureuse et sexuelle sont conformes aux attentes de la société, où l’hétérosexualité est une norme.

D’autre part, on cherche distinctement à culpabiliser les femmes pour leur droit de consentir ou non à une relation de nature romantique et hétérosexuelle, de la même manière que le concept de friendzone. Dans le cas de la friendzone, une femme qui décide de se soustraire à la relation est considérée comme profiteuse et manipulatrice, sans égard à ses propres désirs et intentions, tandis que du côté de la Crazy Cat Lady, on sous-entend plutôt que le fait de vivre sans la présence d’un homme chez soi ou de rejeter les avances de l’un d’eux est un signe de maladie mentale. À la fin des années 1800, nous aurions même pu être internées pour ces raisons.

Aujourd’hui, la surreprésentation des femmes dans le domaine de la santé mentale s’explique majoritairement par la prédominance d'un système patriarcal ainsi que des nombreuses inégalités qui en découlent. Les femmes sont, entre autres, contraintes d’assumer plusieurs rôles au sein de la société, sont plus susceptibles d’être la cible d’agressions sexuelles ainsi que d’abus de toutes sortes, et sont, par conséquent, plus enclines à développer des troubles mentaux, tel que le syndrome de Noé dont est atteint le personnage d’Eleanor Abernathy dans Les Simpson

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