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Ma santé mentale : de l’apparition des premiers symptômes… jusqu’au rétablissement
Crédit: Unsplash/Instagram

Partie 1
À l'âge de 16 ans, suite à une succession d'événements difficiles (deuil d'une amie, peine d'amour, etc.), la fille positive et pleine de vie que j'étais laissait place à l'ombre d'elle-même. Les changements se firent lentement et sournoisement, sans que je sache réellement ce qui se passait. Je voyais tout d'un coup la vie en noir et je gardais pour moi tout ce qui se passait dans ma tête. Je cherchais un moyen d'évacuer ma douleur, le tout sans attirer la moindre attention. Je ne voulais pas d'aide et je ne pensais pas vraiment en avoir besoin à ce moment-là.

Pour me soulager lorsque j'étais déprimée, vide ou en colère, j'utilisais la mutilation et la restriction alimentaire. C'était très conscient et j'étais très rigoureuse. Je cachais mes instruments de torture, utilisais des chandails manche longue et martyrisais les parties moins visibles de mon corps. Je calculais et notais scrupuleusement ce que je mangeais, la quantité et je prenais bien soin de me punir lorsque j'exagérais et me dégoûtais. Je me pesais sans cesse, c'était devenu une obsession. J'entrais dans le long couloir de la dépression sans le savoir et bien que j'avais des comportements inquiétants et différents à l'école, aucun enseignant n'eut la puce à l'oreille. Hélas… Je vécus donc cette fin d'adolescence dans le silence le plus complet, à l'abri des regards de ma famille, qui ne se doutait de rien tant je jouais bien la comédie.

Partie 2
Je tournai la page sur ce chapitre et recommençai tout à zéro lorsque j'entrepris mes études collégiales. J'étais optimiste, sociale et souriais à la vie. J'avais cessé l'automutilation et le contrôle alimentaire. Je pensais avoir repoussé pour de bon mes vieux démons, car je célébrais mes premiers mois de cégep, mais aussi la nouvelle personne que j'étais, adulte désormais. Ma première année était le tremplin dont j'avais besoin pour réellement entrer en Technique d'éducation à l'enfance. À l'automne 2010, passionnée par mes 8 cours, je commençai un stage d'initiation à la profession. Semaine après semaine, je jonglais littéralement entre mes émotions ping-pong et mes études à temps plein. Les cours, les travaux, les projets, le stage, les examens et alouette.

Ce fut trop, tout s'effondra. Je commençai à écrire à une enseignante en qui j'avais confiance lui garrochant carrément mes états d'âme. Elle me fit comprendre que mes sautes d'humeur n'étaient pas normales et qu'elle s'inquiétait pour moi. Je recommençai violemment l'automutilation et surveillai à nouveau mon alimentation, cette fois non pas en me privant, mais simplement en contrôlant ce que j'ingérais. Il fallait que ce soit santé : attention aux produits laitiers riches en gras, aux sucres transformés, aux breuvages sucrés. Je me mis à vouloir à tout prix perdre du poids et à chaque objectif atteint, j'augmentais le défi. Je m'étais même mise à faire de longues marches et à courir, moi qui n'avais jamais été très sportive. Le chiffre sur la balance ne cessait de diminuer…

Ce qui mit un frein à cette spirale infernale, c'est une amie. Après lui avoir envoyé une lettre avec de claires intentions suicidaires, ses parents et elle rendirent une visite à ma mère (monoparentale). Le masque tomba. Je dus consulter de force, mais bien vite, je m'investis dans mon rétablissement.

Partie 3
Ce fut un long et laborieux chemin. Après deux thérapies et de nombreux allers-retours à l'urgence psychiatrique (car oui, ils me laissaient toujours repartir), on me référa à l'organisme Revivre. Celui-ci m'a presque sauvé la vie et m'a permis d'avoir une bouée de sauvetage saine. Quand c'était trop, il y avait les services du centre de crise qui me permettaient d'évacuer. Pour ce qui est du cégep, une merveilleuse éducatrice spécialisée me permit de me reprendre en main en me donnant des outils pour mieux réussir sur le plan académique. Elle était mon fort alors que j'avais envie de tout laisser tomber. Je lui serai éternellement reconnaissante.

De fil en aiguille, les psychiatres s'entendirent sur un trouble anxieux et pour me permettre de sortir la tête de l'eau, on me precrit des antidépresseurs. Ça a pris un temps fou avant qu'ils s'entendent là-dessus, ils étaient réticents. Mais finalement, la combinaison thérapie et médication vinrent à bout de ma maladie. J'allais enfin mieux : j'étais sereine et heureuse.

Aujourd'hui, je suis rétablie et malgré le fait que ce fut passage très éprouvant, je suis reconnaissante envers la vie de m'avoir fait passer ces épreuves. Je suis maintenant passionnée de santé mentale et de psychologie. Surtout, mes ressources ont servi, car deux autres membres de ma famille ont été touchés par la maladie mentale. Je sais désormais que personne n'est à l'abri et c'est pourquoi il faut en parler, faire de la sensibilisation.

Donc, si un proche vous inquiète ou que vous pensez avoir besoin d'aide, n'hésitez pas à utiliser ces ressources :

– Ligne téléphonique de l'Association québécoise de la prévention du suicide (AQPS): 1 866 APPELLE (277 3553).

– Les centres de crise du Québec : « Nous cherchons à alléger la détresse de toute personne adulte âgée de 18 ans et plus vivant une situation de crise, qu’elle soit situationnelle ou reliée à un problème de santé mentale, ainsi qu’à leurs proches.» Pour la liste des centres, c'est ici : https://www.centredecrise.ca/listecentres

– Organisme Revivre : Pour les gens atteints de dépression, d'anxiété et du trouble bipolaire. Services : conférences, ateliers d'autogestion, groupes d'entraide, forum ainsi qu'une ligne d'écoute au 514 529 3081.
http://www.revivre.org/jai-besoin-daide/

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