– Toi, tu vas où cette année?
– Nulle part.
– Hein, comment ça?
Je reste chez nous est la dernière chose que vous osez répondre à la fameuse question : « Qu’est-ce que tu fais durant les vacances? »
C’est comme si ça ne valait pas la peine d’appeler ça des vacances si vous restez à la maison. D’un certain point de vue, c’est vrai que c’est beaucoup plus facile de décrocher quand nous nous sentons transportés ailleurs ou que nous sommes dépaysés. Le problème, je crois, c’est qu’il y en a qui se mettent de la pression pour trouver LA destination de voyage de l’année pour avoir quelque chose à raconter, et ce en dépit des buts qui avaient été fixés, du remboursement des dettes, des économies, du plan de s'acheter/louer un lieu douillet de plus de trois pièces dans la métropole. Quoi? On peut rêver non?
C’est fou parce que je suis la première à planifier mes vacances comme si je travaillais pour voyager. Il m’est même déjà arrivé de ne pas prendre les vacances auxquelles j’avais droit, préférant le montant se trouvant sur ma prochaine paye. Je voulais économiser donc je préférais rester en ville, mais en même temps, je ne me voyais pas rester à Montréal pendant trois semaines. « Qu’est-ce que je vais faire ici? Si je ne peux même pas me payer un billet d’avion pour partir, autant travailler. » What?! Comme si la ville ne manquait pas de festivals gratuits.
J’ai bien entendu regretté ce move qui date déjà d’il y a quatre ans, mais ça m’a beaucoup fait réfléchir parce que cette année encore j’ai d’autres priorités et au grand étonnement de ceux qui me connaissent, je compte rester ici pour toutes sortes de raisons…
Je me souviens qu’à l’école primaire, dans le quartier multiculturel où je demeurais, rares étaient ceux qui pouvaient se vanter d’avoir passé l’été sur la perle du Danube ou autre lieu tendance énumérés dans les magazines de voyage. L’été était l’occasion de passer de longues journées à ne rien faire, à jouer dehors et flâner dans les rues ou pour quelques chanceux, retourner voir la famille dans le pays d’origine de ses parents.
Je ne crois pas que le shift soit dû uniquement à une pression de montrer « OÙ ON EST ALLÉ » sur les réseaux sociaux, mais bien parce que je crois sincèrement que nous sommes plus ouverts sur le monde, curieux de voir en vrai ce que nous admirons sur nos écrans lumineux, et aussi parce que la multiplication des compagnies aériennes a entraîné une chute des prix des billets d’avion et par le fait même la démocratisation du voyage! YESSS!
Bien qu’il y en a qui respectent totalement mon choix de passer mes vacances à la maison, c’est quelque chose qui semble se perdre. D’un autre côté, peut-être que je le remarque davantage parce que je m’apprête à le vivre, mais j’ai parlé à quelques personnes dernièrement qui, comme moi, n’iront pas en voyage pour leurs vacances et ça ne les gêne pas pour autant.
Je ne pose pas de jugement, je ne suis pas en train de me faire l’avocate du staycation. Je pense juste qu’il faut faire preuve de plus d’ouverture. Parce qu’il y en qui aiment ça, d’autres qui veulent prendre ça relax et profiter de leur nouveau quartier après un dur déménagement, d’autres qui doivent suivre des cours d’été ou encore économiser pour un plus gros voyage l’année suivante.
Donc petite note, évitez de faire des commentaires pas plaisants du genre : « Hein, mais ça va être plate! », « Tu ne vas pas t’ennuyer? », ou encore « Pourquoi? T’as pas d’argent cette année? »
Même si c’était le cas, let’s be real, ça ne regarde personne!
Sur ce, où allez-vous cet été? Cette question vous fait-elle sourciller?