Cette année a marqué mon 29e anniversaire. Depuis ce tournant d’âge, la phrase préférée des gens pour briser la glace avec moi renvoie à ma trentaine imminente. Faut dire que je ne fitte pas dans les attentes habituelles accolées à ma catégorie d’âge : je n’ai pas d’enfant (je n’en veux pas), j’ai pas d’amoureux.euse (je n’en veux pas), j’habite avec trois colocs (c’est juste assez), j’ai cinq chats (j’en prendrais plus) pis j’ai mis mon poste permanent au travail à la poubelle pour retourner à l’université. Fait que!
Pourquoi fait-on toujours référence à l’âge? Pourquoi est-ce qu’une telle importance y est accordée? Ok, je sais, ce n’est pas le plus gros problème ever, mais je suis proche de me fouler une rétine tellement je roule des yeux à force de me faire demander comment je me sens à l’aube de ma troisième décennie.
Je sais que le nombre d’années de vie porte une charge symbolique au-delà du simple chiffre et que les modèles privilégiés ne concordent pas avec mon mode de vie. Ce n’est pas tant que je me sens à part du monde because je suis loin d’être seul.e à ne pas fitter. Nous sommes une gang dans ce même bateau. Je suis juste fatiguée de me justifier, d’expliquer que je suis bien dans ma vie (non je ne veux pas d’enfant, oui je suis contente d’être à l’école, je ne vois pas de problème à vivre en colocation, etc.).
Je ne sais pas qui a décidé qu’à un certain âge il fallait expérimenter certains trucs précis, mais moi, cette vie-là ne me tente pas. Même si l’on essaie parfois de me convaincre que c’est correct, que je vais éventuellement « comprendre » (comprendre quoi!?!?) et que ça va finir par me tenter. Sorry, not sorry, mais non. Je suis la mieux placée pour savoir ce que je veux, mon opinion est valide, pis c’est moi qui décide. Pis si je change d’idée, ça va être parce que moi je vais le vouloir, pas parce que « je vais enfin agir en adulte ».
La vérité, c’est que je me sens comme une personne qui n’en a rien à faire d’avoir 30 ans bientôt et qui ne comprend pas pourquoi elle s’en fait parler tout le temps. Je ne sais juste pas quoi répondre aux nombreuses questions qui tournent autour du rapport à mon âge. Ma nonchalance à ce sujet apparaît comme déplacée pour certain.e.s, au point où j’ai commencé à prétendre avoir déjà 30 ans lorsque l’on me le demande juste pour ne pas entendre pour la 148e fois : « Ouiiiiiiiiiiin, t’es à la veille d’être pu jeune » ou une variante du genre, dont quelques-unes font référence à des changements corporels (genre, une blague de seins qui descendent…*roulement d'yeux*).
Comme quand je mens à propos de mon métier dans les soupers de famille élargie pour ne pas me taper des cascades de commentaires misogynes. Des fois, j'ai pas le goût ou l'énergie, et j'évite les conversations qui ne me tentent pas. Selon certain.e.s, cela serait immature, mais je préfère appeler ça « choisir ses combats » pis « je fais ce qui me fait du bien ».
Sans dire que 30 ans c’est vieux, car ce ne l’est pas, j’aime tout de même voir les années s’accumuler. L’expérience qui accompagne le temps qui passe a fait de moi une personne plus connectée avec elle-même qu’à 20 ans. Je prédis, et j’espère, que cette tendance se maintiendra, que le passage des années sera source de bien-être par mes différents apprentissages et que je pourrai continuer à être bien avec qui je suis et authentique. Je suis donc un peu triste quand on me reflète une vision négative d’un truc qui me semble positif. C’est donc avec très peu de stress quant à mon âge, mais surtout un bien-être qui grandit tel un crescendo, que j’ai envie d’avancer.