J’ai toujours été une fille calme, posée, qui ne prend pas beaucoup de place. Quand j’étais petite, il arrivait souvent à ma mère de me chercher, tellement je ne faisais pas de bruit. Elle m’appelait sa petite souris.
Je ne sais pas si c’est mon étiquette de gentille fille polie qui me trahit, mais j’ai très souvent de la difficulté à faire entendre mon point de vue. Ou me faire entendre tout court. Ça arrive dans diverses situations. Parfois au travail, mais principalement en famille ou entre amis.
On me coupe la parole, on m’oublie, ou on ne m’entend tout simplement pas.
Cet hiver, je me suis rendue dans un chalet avec des amis. On devait être dix au total. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de devoir recommencer une phrase. Ça pouvait prendre jusqu’à dix essais avant de pouvoir enfin dire ce que j’avais à dire. Même les personnes à quelques centimètres de moi ne m’entendaient pas. Je n’exagère pas.
Quand on me dit : « Ah oui? Tu parlais? », je voudrais exploser de rage. Ou disparaître, c’est selon. Quand je me fâche, je suis une hystérique. Je ne dois pas le prendre personnel. Ce n’est pas aussi pire que ça. Ce n’est pas fait méchamment (je suis certaine que non).
La plupart du temps, je vais faire comme Marie-Pier et m’excuser. Aujourd’hui, je réponds que vous ne savez pas, puisque vous ne m’écoutiez pas. Et je pose la question… Pourquoi?
Pourquoi est-ce que c’est O.K. de m’ignorer? Pourquoi moi plutôt qu’une autre personne? Pourquoi est-ce que des ami.e.s, des gens que j’aime et qui m’aiment, me font ça?
J’ai peut-être des ami.e.s qui vont lire ce billet et avoir un choc. Croyez-le ou non, je ne vous en veux pas. C’est juste qu’on a très rarement l’occasion de se dire ce genre de chose.
Voyez-vous, ça devient très lourd. C’est difficile de ne pas penser que je suis moins importante ou moins aimée que les autres à force de revivre la situation. Et c’est difficile de rester calme quand on répète exactement la même phrase que je viens de dire dans la seconde, sauf qu’on ne m’écoutait pas. Ça aussi, ça arrive.
Pour vous, j’explose pour un oui ou pour un non, mais ma réalité est tout autre. Peut-être que je ne m’exprime pas adéquatement. Je ne sais pas. Il n’en demeure pas moins que c’est dur sur l’estime personnelle.
Je sais bien qu’en grand groupe, c’est difficile, que ça va toujours arriver. Si ce n’est pas moi, ce sera une autre personne. Mais accepter mon sort n’est pas une solution envisageable. Pas plus que d’arrêter de venir aux activités de gang, parce que je vous aime quand même. Je ne peux pas me tenir debout sur une table ni forcer qui que ce soit à m’écouter. Alors, quelles sont mes options?
À celles et ceux qui vivent ce genre de situation, je vous comprends et je suis de tout cœur avec vous. Avez-vous des trucs pour remédier à ça?