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Et si on parlait d’ITSS?
Crédit: Pexels/Pixabay

D’emblée, je préfère vous prévenir : je ne suis pas sexologue. Par contre, j’ai eu l’opportunité de suivre plusieurs cours universitaires sur le sujet au cours de la dernière année, ce qui m’a permis d’accumuler assez de matériel récent pour vous en parler. 

Si j’écris cet article aujourd’hui, c’est surtout parce que je crois que malheureusement, en 2017, beaucoup de monde ne connaît pas bien les ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang), leurs conséquences, les manières de les traiter, etc. Là, je vous entends du Chili me dire que « ben non, vous n’êtes pas de ceux ou celles-là! » Alors pourquoi le nombre de cas d’ITSS est en hausse ces dernières années? 

En fait, ce qui m’a surtout fait sursauter dans mes cours de sexualité, c’est le problème de la banalisation des ITSS. C’est un peu comme si le fait qu’il existe maintenant des antibiotiques et la trithérapie rendent les gens insouciants. Il faut dire que les grandes coupables sont, sans aucun doute, les campagnes publicitaires. Dans les années 1980, l’emphase était mise sur les dangers mortels du SIDA/VIH. On voulait sensibiliser au port du condom par la peur. Peut-être vous souvenez-vous d’une publicité québécoise dans les années 1990 avec un couple gai qui était dans un lit qui se transformait en cercueil… Malheureusement, ces campagnes ont eu l’effet d’un pavé dans la marre et ont surtout renforcé l’homophobie.

Par la suite, on a mis davantage l’accent sur la prévention et on a laissé tomber l’aspect mortel quand la trithérapie est arrivée. Par contre, il semble que le message ne passe pas encore.

Oui, la trithérapie permet d’allonger la durée de vie d’une personne séropositive. Par contre, je pense qu'aucune personne ayant le VIH vous dirait que ce n’est pas grave! Aussi, ce n’est pas possible partout dans le monde d'y avoir accès.

Autre fait étonnant, on avait presque réussi à enrayer la syphilis et voilà que celle-ci fait un retour en force depuis 2002! Mais pourquoi? Il semble aussi y avoir un gros problème au niveau de l’éducation sexuelle chez les jeunes et ça, on le sait tous et toutes.

Bon, peut-être que les cours de sexualité de mon époque n’étaient pas si efficaces non plus, mais de là à les enlever? De nos jours, avec l’accès si facile à la pornographie – dont les acteurs portent rarement des préservatifs – je trouve que cela fait un mélange très dangereux! 

Il faudrait trouver une manière de toucher les jeunes et surtout leur faire comprendre certaines choses qui semblent encore incomprises. Selon un sondage québécois mené auprès des jeunes1, près de la moitié des 14 à 18 ans ne savent pas que certaines ITSS ne présentent pas de symptômes, ni à quelles maladies ils et elles sont les plus exposé.e.s. Et pourtant, pas moins de 47 % des cas de gonorrhée déclarés (parce que c’est une maladie à déclaration obligatoire) le sont chez les 15 à 24 ans2!

Autre donnée alarmante : le quart des jeunes de 16 à 18 ans n’aurait JAMAIS fait l’usage du condom lors de relations sexuelles, pendant que seulement la moitié affirme qu’il est essentiel de passer un test de dépistage avant de cesser le port du condom.

Démystifions quelques affaires…

D’abord il y a des maladies qui sont à déclaration obligatoire, c’est le cas pour la gonorrhée, la chlamydiose, la syphilis, l’Hépatite et le VIH2. Donc, si vous passez un test de dépistage qui s’avère positif, vous devez en informer vos partenaires. Puisque plusieurs ITSS peuvent être asymptomatiques sur une période de temps relativement long, il est difficile d’avoir un portrait juste du nombre de personnes atteintes. C’est aussi pour cette raison qu’un petit test avant d’enlever le condom vous assure que tout est clean.

Dans la majorité des cas, une seule dose d’antibiotiques est nécessaire pour traiter la gonorrhée, la chlamydiose et la syphilis. Ces médicaments sont gratuits2.

L’herpès ne se guérit pas, mais il y a maintenant des traitements qui peuvent réduire sa transmission2.

Le VPH est l’ITSS la plus répandue. On estime qu’autour de 70 % des personnes sexuellement actives en Amérique du Nord en seront atteinte au cours de leur vie. Pour ce qui est de l’herpès simplex, on estime le taux à 20 %, ce qui la place au second rang2.

Le VIH est une infection incurable. La trithérapie permet de survivre en étant atteint.e du VIH, mais il n’existe pas de façon de le guérir. Le VIH est l’acronyme du Virus d’Immunodéficience Humaine. Le SIDA est l’acronyme donné au stade avancé de l’infection par le VIH (Syndrome de l’Immunodéficience Acquise). Donc, une personne atteinte du VIH n’a pas nécessairement le SIDA, mais une personne atteinte du SIDA est atteinte du VIH3.

Bref…
Ce petit portrait n’a rien d’exhaustif, mais il démontre que la lutte contre les ITSS est bien loin d’être terminée! Pendant que le nombre de cas augmente, les lecteurs et lectrices de TPL de demain n’ont pas souvent accès à une éducation sexuelle de qualité.
Heureusement, il y a quelques initiatives qui sont nées dans les dernières années, On SEXplique ça en est une. Laïma vous en a déjà parlé ici.

1 SOM RECHERCHES ET SONDAGES (2009). Sondage sur les habitudes sexuelles des 16-24 ans et le port du condom, 58 pages. 
2 Tiré du document l'Épidémie silencieuse, quatrième rapport national sur l'état de la santé de la population du Québec.
3 Tiré du site de la Clinique l'actuel

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