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Le pays des merveilles, un « safe space » dont j’ai besoin
Crédit: Number1411/Shutterstock

Au courant des dix dernières années, j’ai changé. Ce qui est plutôt commun, parce que t’sais, c’est la vie et la vingtaine. Alors que ce n’était vraiment pas ma tasse de thé avant, je me suis mise à triper sur le glitter, les chats-licornes, le pastel et les crocodiles en paillettes (entre autres)! Pourtant, adolescente, mon père avait surnommé ma chambre « l’utérus », car j’y avais peinturé les murs en rouge sang et le plafond en noir. Ce n’était pas une oasis de lumière et ça représentait bien comment je me sentais en dedans ; une ado qui grandissait dans un monde qu’elle trouvait difficile et qui ne savait pas comment gérer ça.

J’étais sensible, et je le suis encore. Genre, très sensible. Je ne savais pas quoi faire avec ça, puis j’avais l'impression que je n’y avais pas droit, que c’était mal, ou bien que ça ouvrait les portes aux gens pour me donner des coups de pelles émotionnels. J’ai fabriqué de bien grands remparts entre les gens et moi, j’en ai laissé entrer quelques-uns, mais pas trop. Malgré tout, ça n’a pas empêché la vie d’être parfois pas fine. Les ennemis potentiels, c’était tout le monde.

C’est un long processus, celui de devenir bien avec soi, les autres, le monde et la vie. C’est un processus qui n’est pas terminé, mais dont le chemin est vraiment avancé. Parmi mes réussites, j’ai appris à aimer ma sensibilité, à lui trouver un côté politique (oui, oui, je vous le dis) et à l’utiliser comme une arme contre ce qui me faisait mal. Ça s’est produit sans trop que je m’en rende compte, petit à petit. Le côté politique, c’est de croire qu’en tant qu’individue, mes actions et mes choix me dépassent. Quand je suis bien dans qui je suis, je prends position contre ce qui m’a appris à ne pas être bien.

Pourquoi j'aime désormais le kitsch, le soleil et le love? Parce que j’en ai besoin. J’ai besoin d’un nuage de ouate émotionnel où déposer ma fatigue psychologique. Pour prendre une pause de violence.

Je ne veux pas amener ça comme « j’ai choisi le bonheur », parce que ce n’est vraiment pas ça. Pis qu’en plus, les notions de « choisir » et de « bonheur » me tapent sur le gros nerf et auraient avantage à être déconstruites. Ok, le bonheur c’est cool et tout, mais quand on vous shame d’être pas heureux.se, ça crée bien des trucs malsains. La pression du bonheur, c'est comme une garantie anti-bonheur. Pis mon amour des arcs-en-ciel en diamant, c’est pas tant une question de « bonheur » que de recharger mes batteries. À force de faire de l’anxiété, d’avoir des épisodes difficiles au niveau de ma santé mentale, crises de panique et alouette, j’ai développé sans trop m’en rendre compte des sources de doux pour gérer ma vie. Pis c’est comme ça que ma bulle de barbe à papa s’est fabriquée. Elle est là, car je dois me retirer dedans un peu tous les jours.

Au final, je l’aime ce petit monde doux. Je l’ai créé en écoutant mes besoins, en laissant tomber des peurs et en étant bien avec ma vulnérabilité. Pis ça, c’est pas mal beau. 

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