Quand on vous dit « opéra », à quoi pensez-vous? Probablement à la valkyrie avec des cornes qui s’époumone, ou encore à des personnes snobs d’un certain âge habillées en tenues de gala. Et pourtant, l’opéra, c’est tellement plus que ces clichés! Étant chanteuse d’opéra moi-même, mon opinion est peut-être biaisée, mais je pense sincèrement que c’est l’ultime forme d’art, celle la plus complète, puisqu’elle marie texte, jeux théâtraux, chant classique, musique orchestrale, arts visuels, mise en scène, décors, maquillage, et j’en passe! C’est d’ailleurs pour cette raison que Wagner, qui était un control freak tenant à s’impliquer dans tous les aspects créatifs de ses œuvres, l’appelait le Gesamtkunstwerk, ou « l’art total ».
L’opéra, c’est plus que des billets qui coûtent deux semaines de salaire et son premier né (autre mythe que je démantèlerai un peu plus tard). C’est une forme d’art merveilleuse qui mériterait d’être connue des plus jeunes générations! Là, je vous entends dire « Mais par où commencer? ». Voici donc mes suggestions pour s’initier en douceur à cette forme d’art qui est plus accessible qu’on ne le croit.
Tout d’abord, il faut savoir que la tenue de gala n’est en AUCUN cas requise pour assister à un opéra. En effet, un jeans propre, un blazer et un joli haut feront amplement l’affaire! Pour la petite histoire, saviez-vous que la musique classique ne s’est embourgeoisée qu’au 19e siècle, avec la Révolution industrielle? Auparavant, des gens de toutes classes sociales confondues allaient à l’opéra, et l’attitude du public ressemblait beaucoup plus à ce qu’on retrouve dans un show rock d’aujourd’hui (sifflement, huage, applaudissement pendant que les musiciens jouent, etc.) qu’à l’aspect cérémonieux auquel on pense. De plus, aller à l’opéra constituait une activité de socialisation et les gens écoutaient à peine ; ils étaient plus occupés à s’échanger les derniers gossips! #XOXO
De nos jours, un certain respect pour ce qui se passe sur scène est de mise, mais pas besoin de se sentir coincé en essayant d’être quelqu’un qu’on n’est pas. Je vous recommande également de commencer par un opéra qui est musicalement accessible. Il existe tellement de belles musiques! Essayez La Bohème, Carmen, La Traviata, ou n’importe quelle œuvre de Mozart. Tous ces opéras ont une histoire passionnante et contiennent des vers d’oreilles que vous fredonnerez bien après la tombée du rideau! À proscrire pour les néophytes : les opéras contemporains de compositeurs atonaux (j’adore Lulu de Berg, mais je concède que c’est out there musicalement pour quelqu’un qui n’a jamais entendu ça), Der Ring de Wagner, qui dure environ 15 heures, ou encore un opéra dont les prouesses vocales sont plus importantes que l’aspect dramatique (je pense par exemple à La Sonnambula de Bellini…). À moins de triper technique, on décroche vite.
Pour finir, et pour parler du fameux aspect financier, non, une sortie à l’opéra n'a pas besoin de coûter la peau des fesses! D’abord, il y a plein de petites compagnies indépendantes, comme la Compagnie Baroque Mont-Royal ou Opera da Camera, qui rendent ça très abordable (je parle de 15 $ le billet environ). De plus, l’Opéra de Montréal annonce régulièrement des tarifs à 20 $ ; il suffit d’être à l’affût de la promo sur leurs réseaux sociaux. Enfin, les productions étudiantes de McGill ou de l’UdeM, dans lesquelles on peut entendre la relève lyrique, accotent bien souvent les productions professionnelles et coûtent une fraction du prix!
Je vous souhaite une excellente première expérience, et n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires!