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Non, exposer le corps des grosses n’encourage pas l’obésité
Crédit: Loey Lane/Facebook

Au cours des dernières années, nous avons, pour la plupart, été exposé.e.s d’une façon ou d’une autre au mouvement pour la diversité corporelle. Des célébrités comme Beth Ditto, l'une des premières à faire un gros doigt d’honneur aux diktats de la beauté imposés par le Star System et les médias, ont emboîté le pas à ce beau mouvement qui a pris beaucoup d’ampleur depuis. Aujourd’hui, ils/elles sont des milliers comme vous et moi à se positionner comme activistes de la diversité corporelle et du self-love sur les réseaux sociaux et ça fait vraiment beaucoup de bien à plusieurs d’entre nous.

J’ai été l'une de ces femmes qui ne trouvaient pas leur place devant toutes ces images de ce que « doit »  être une femme. Chaque jour, dans le miroir, j’ai soupiré et tenté de rentrer mon ventre, j’ai maudit ma cellulite et mes bras dodus, j’ai déprimé à l’infini. Je n’arrivais pas à voir ce qui pouvait me rendre désirable et comment ceux et celles qui m'aimaient pouvaient me trouver jolie. Être grosse me semblait la pire des expériences à vivre.

Commencer la journée en se sentant inadéquate, c’est rough en maudit. Surtout quand ça dure 15 ans de votre vie.  Allô la dépression, les troubles anxieux et alimentaires

Et puis un jour,  j’ai vu une photo de Tess Holiday, qui venait de devenir, en janvier 2015, la première modèle taille 20+ à signer un contrat avec une agence internationale de mannequins. J’ai braillé FORT. Je me suis demandé pourquoi je haïssais mon corps si intensément, alors que je trouvais Tess Holiday maaaaa-gni-fi-que. Je trouvais ses courbes agréables à regarder et gracieuses. Tess a un corps très similaire au mien, alors pourquoi son corps ne me repoussait-il pas avec la même hargne que le mien?    

Crédit : Tess Holiday/ Intasgram

Crédit : Tess Holiday/Instagram

Le fait que de grandes campagnes médiatiques la choisissent m’a fait comprendre que mon corps était aussi beau que celui des autres. J’ai réalisé que ce n’était pas moi qui avais quelque chose de pas correct et que j’avais juste été brainwashée à coup d’images aseptisées et uniformes. Le cerveau, en belle machine complexe qu’il est, enregistre comme positif ce à quoi il est exposé de façon répétitive. En psychologie sociale, ça s’appelle l’« effet de simple exposition » (mere-exposure effect).

Ma mission est devenue claire : renverser la vapeur et  m’exposer à des corps ressemblant au mien plus souvent. J’ai commencé à dire et mettre des hashtags #MyBodyIsATemple partout et tout le temps. C’est pas magique, mais pas loin. Ma relation avec mon corps et ma perception se sont transformées. Ma santé aussi, mais ça c'est une autre histoire et je prendrai le temps de vous en reparler une autre fois.

On va pas se le cacher, l'une des réalités plates du Web, c’est la présence des trolls. Pas étonnant qu’ils soient venus salir ce beau paysage en hurlant l’urgence de cacher ces corps trop gros, trop mous et beaucoup trop différents. Selon eux, voir des corps en surpoids encourage l’obésité et évidemment, ils ne se gênent pas pour vomir leur dégoût et leur incompréhension. 

Non, exposer le corps des gros.se.s n'encourage pas l'obésité.
Apprendre à s’aimer, c’est la base pour prendre soin de sa santé, faire attention à son corps et le chérir. Dans mon cas, voir des femmes qui me ressemblent physiquement a déclenché un touchant processus d’amour-propre. Je continuerai, malgré le hate occasionnel, à montrer mon gros corps pour que d’autres puissent s’identifier à moi et que ça leur fasse du bien à leur tour. Les autres à qui ça déplaît, je leur envoie mon plus beau sourire et je soupire un gros : #LesGens.

Dana Falsetti/ Instagram

Crédit : Dana Falsetti/Instagram

Mon corps est un temple autant que le vôtre. Aimons-nous,  petit.e, gros.se, élancé.e, rebondi.e, athlétique ou mince. Montrons à nos corps du respect et de l’amour et changeons les mentalités.

Je suis bien impatiente d'entendre la Dre Carolyn Black Becker, professeure de psychologie et psychologue clinicienne certifiée, lors de sa conférence du 11 mai prochain à l'Institut universitaire en santé mentale Douglas. La conférence explorera les dommages que cause l’insatisfaction corporelle, non seulement sur les femmes et les jeunes filles, mais également sur la société entière.

 

 
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