En octobre dernier, ma petite sœur est venue me rendre visite à Shanghai en compagnie de ma mère. Aux yeux de plusieurs, cela peut sembler une aventure géniale, sauf que pour ma sœur, cela représentait un défi. Un immense défi. Aujourd’hui âgée de 24 ans, elle souffre d’anxiété généralisée depuis un très jeune âge. Pour elle, venir en Chine n’était pas qu’un simple voyage. Elle s’y préparait mentalement depuis quelques mois avant la date de départ. Et pas seulement mentalement, elle lisait énormément sur le sujet, sur les activités, les conseils des voyageurs et voyageuses… tout pour prévenir. Elle savait qu’elle devrait faire face à des situations susceptibles de déclencher une crise d’anxiété. En effet, la Chine est un pays très dépaysant en plus du 14 h 30 d’avion que cela demandait. Jamais ma sœur n’aurait pensé y mettre un pied un jour, ni en fait aller en Asie tout simplement. Bien qu’elle ait déjà visité quelques autres pays, la Chine restait très anxiogène.
Voyager avec quelqu’un d’anxieux nécessite autant pour la personne concernée que pour les accompagnateurs et accompagnatrices une préparation plus accrue. Même si je suis plus du genre à voyager sans prévoir, il a fallu organiser tout d’avance, principalement les transports entre les différentes villes. Cependant, elle a fait d’énormes efforts, car elle a tout de même accepté de prendre six fois l’avion pour rejoindre différents endroits durant les deux semaines de voyage. Nous voulions lui faire profiter de son séjour au maximum et qu’elle se sente bien. Cependant, pour ma petite sœur, ce n’était pas aussi simple. C’était déjà difficile pour elle de devoir imposer une telle préparation aux autres et de ne pas se sentir coupable.
Se retrouver à plusieurs milliers de kilomètres de sa zone de confort, dans un pays où la culture est extrêmement différente, même si elle était avec une partie de sa famille, était extrêmement demandant. Alors au diable la nourriture louche de rue pour un souper pas cher! Il faut choisir ses batailles! Moi-même je dois avouer que ça ne me dérangeait pas, car je suis full difficile côté nourriture. #PizzaForTheWin Il fallait qu’il y ait le moins de surprises possible pour elle. Comme ça, c’était un peu plus facile. Tout ce que je souhaitais c’était qu’elle ait du plaisir! Étrangement (ou peut-être pas tant), pendant ce voyage, j’ai commencé à ressentir de l’anxiété, moi aussi. Était-ce parce que je voulais alléger l’angoisse de ma petite sœur pour qu’elle ne se sente pas seule? C’est un bien drôle d’adon, car jamais avant je n’avais vécu cela, mais depuis ce voyage je comprends vraiment mieux ce qu’elle vit.
Malgré toutes les précautions prises, l’anxiété était toujours un peu présente et nous n’avons pas pu éviter « la » crise de panique. Celle qui m’a fait me faire sentir mal d’avoir insisté pour que ma sœur vienne visiter mon pays d’adoption pour quelques années. Elle m’a rassurée et dit que ce n’était pas le cas, et qu’au contraire, le voyage l’a fait grandir et l’a aidée dans la vie de tous les jours, car elle sait qu’elle peut relever de gros défis. J’ai compris que l’important, c’est qu’elle sente qu’elle est écoutée et qu’elle peut avoir confiance en les gens avec qui elle voyage. Certes, le voyage n’a pas diminué son anxiété, mais elle peut ajouter un check sur sa liste de choses qui la rendent fière. Et ça me rend fière d’elle aussi. Voyager en Chine n’est pas super facile et le choc culturel peut faire mal, même à quelqu’un qui n’est pas anxieux, alors chapeau sœurette, you did it!