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S’il vous plaît, don’t touch mon afro!
Crédit: mimagephotography/Shutterstock

Quand il s’agit du nuage de coton que j’arbore fièrement sur ma tête, je suis très exigeante car c’est devenu ma marque de fabrique. Mes cheveux crépus m’ont permis, il y a quelques années, d’exercer mon « black » woman power et de délier pour ensuite rapidement lier les langues des personnes qui cherchaient, à l’époque, à me confiner dans certains groupes comme celui des personnes qui ont des coiffures décrétées non professionnelles : les locs, les cheveux crépus ou colorés, la demie-tête rasée ou half hawk, …
 
D’ailleurs, dites-moi, en quoi le nombre et la nature des cheveux qu’on a sur la tête peut nous faire décrocher un boulot ?
« Question pertinente! », diront certains et « excellente question! », rétorqueront d’autres.
 
Je ne parle pas au nom de toutes les femmes kamites (je n’appelle plus les gens noirs, noirs, c'est un choix personnel), mais je pense que l’on ne devrait plus en débattre au 21siècle. Oui, car pourquoi je devrais encore, aujourd’hui, tout faire pour qu’on accepte mes cheveux NATURELS? Pourquoi dès l’instant où je fais péter l’afro, il y a une différence certaine qui se fait ressentir au point de créer un malaise de part et d’autre?
 
Cette différence, ce n’est malheureusement pas uniquement le fruit des Caucasiens. Non! Certaines femmes (et hommes) kamites ont du mal à accepter la « crépitude » de leurs cheveux. Elles se parent des plus coûteuses rallonges de cheveux lisses ou sont des adeptes fidèles du défrisage – vous savez, ce produit qui change la texture des cheveux à l'aide de produits chimiques et qui dure de 6 à 12 semaines et qu’il faut donc réutiliser régulièrement.
 
Je ne suis pas, par contre, extrémiste, hein! Car, les goûts et couleurs sont dans la nature et nous devons les respecter. Aussi, j'ai été une de ces femmes, avant 2010, qui lissait ses cheveux et aujourd’hui encore, je mets des mèches pour protéger mes tifs de la cassure que pourrait provoquer le climat, par exemple ou juste pour pouvoir me reposer pendant quelques semaines de certains soins qui demandent souvent du temps. Lissage, défrisage, greffage, etc. : ce sont des choix personnels que je respecte tant qu’ils ne viennent pas entraver verbalement ou non ma liberté de porter mes cheveux au naturel.
Donc, notre (nous, femmes et hommes kamites) perception des cheveux crépus doit d’abord changer.
 
Par ailleurs, j’aimerais pointer le fait que mes cheveux crépus défiant la gravité fascinent au point où certains inconnus veulent y poser leur main. On dirait un aimant. Je ne blâme pas ceux qui le font, car justement si la crépitude avait connu une bonne visibilité, surtout dans les médias, elle ne susciterait pas autant de curiosité. Mais est-ce normal de toucher les cheveux de quelqu’un sans lui avoir demandé au préalable?

 
Solange Knowles l’avait chanté pour justement évoquer les difficultés auxquelles pouvaient faire face les femmes kamites à l'égard de la nature de leurs cheveux : « Ne touchez pas mes cheveux, alors que ce sont les ressentis que je porte, ne touchez pas mon âme, quand c'est le rythme que je connais, ne touchez pas ma couronne (…) ils ne comprennent pas, ce que ça représente pour moi, là où l'on choisit d'aller, là où nous avons été pour savoir (…) Vous savez cette chevelure est mon truc, j'ai fait la balade, j'y ai consacré du temps, mais celle-ci est à moi ».

 

Crédit : SolangeKnowlesVEVO/YouTube

La chanteuse a su bien faire passer le message, à la fois avec douceur et puissance.
 
J’aime manipuler mes cheveux chaque soir ou faire des soins toutes les semaines, mais je hais qu’on les touche surtout sans ma permission.  
 
Aimez-vous qu’on mette la main dans vos cheveux sans vous demander?

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