Pourquoi est-ce important de dire « les personnes souffrant d’un trouble anxieux » au lieu de « les anxieux »? J’ai eu cette discussion plusieurs fois, et il m’arrive de me faire dire que j’accroche sur des détails, sur de la sémantique inutile. Même moi, je me demande parfois si ça change vraiment quelque chose. Eh bien, en y repensant, je dirais que la réponse est OUI.
D’abord, pour les personnes qui ne vivent pas avec le trouble en question, je ne vois pas ce que ça change à leur vie de dire ou d’écrire deux mots de plus. Je ne pense pas que ça nécessite un effort surhumain de leur part de taper quelques lettres supplémentaires sur un clavier. J’avoue que parfois, quand un texte est trop long, j’aurais envie de couper sur ce soi-disant « fla-fla ». Par contre, ça peut vraiment changer quelque chose pour la personne qui vit avec ce trouble, c'est pourquoi je choisis de ne jamais enlever ces nuances.
Éviter d'avoir des propos réducteurs
Les personnes qui sont atteintes d’un trouble anxieux (pour poursuivre avec cet exemple) et qui en endurent les conséquences ne sont pas leur trouble. Elles ont une personnalité propre, des intérêts, des aspirations, des projets, pis toute. Dire « les anxieux », c’est comme dire qu’ils ne sont rien d’autre que de l’anxiété. Comme si rien d’autre ne les définissait. Un trouble anxieux, c’est un arrangement « X » de symptômes, alors dire « les anxieux » est une expression très réductrice.
Faire preuve de nuance
Les symptômes sont similaires pour les personnes souffrant du même trouble, mais il existe vraiment beaucoup de variantes. Si on dit « les anorexiques veulent du contrôle » c’est différent de « les personnes qui souffrent d’anorexie ont tendance à vouloir exercer un certain contrôle ». Premièrement, parce qu’on dissocie le trouble de la personne. Puis, parce que le mot « tendance » montre que ce n’est pas le cas pour toutes les personnes qui souffrent d'anorexie. Ça évite aussi qu'une personne souffrant de ce trouble se sente invalidée dans sa souffrance.
Ça peut sembler futile ou lourd de prendre des détours pour communiquer, mais je crois que c’est absolument nécessaire. Des mots comme ceux-là peuvent avoir un impact sur une personne qui souffre d’un trouble de santé mentale (une sur cinq d’ailleurs). Il est donc fort probable que, peu importe votre auditoire, il y ait une personne affectée ou choquée par vos mots. C’est un moindre effort pour éviter de blesser les autres.
J’essaie toujours de me demander ce qu'une personne atteinte d'un trouble penserait si elle pouvait m'entendre. Est-ce que cette personne serait choquée ou fortement en désaccord?
Je fais encore des gaffes, mais je ne suis pas fermée quand je les vois ou qu'on me les fait remarquer. J’écoute. C’est un réflexe à prendre que d'ouvrir nos œillères pour évoluer. Le choix des mots est aussi important pour d’autres enjeux de société comme le féminisme et le racisme. Je parle de santé mentale dans ce cas-ci parce que je m’y connais mieux.
Suis-je trop « politically correct »? Peut-être bien. Est-ce que c’est important de prendre en considération les autres lorsqu'on s’exprime? Ben oui! Alors je vais continuer d'être « lourde ». #SorryNotSorry