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Aide aux victimes de violence conjugale : brisons les mythes
Crédit: David M G/Shutterstock

Y’a des affaires qui ont l’air simples, mais qui ne le sont pas du tout. 

Comme appeler dans une maison pour femmes victimes de violence. Malgré toutes les campagnes de sensibilisation, les affiches apposées dans le plus grand nombre de lieux possible, les cartes professionnelles qui traînent ici et là, c’est quand même rough d’appeler. Ce serait difficile de ne pas le savoir quand, chaque semaine, des femmes qui nous téléphonent nous disent qu’elles ont peur de nous déranger, qu’elles ne sont pas certaines d'appeler au bon endroit, que dans le fond leur partenaire n’a jamais utilisé la violence physique. 

Bin oui, je fais ça dans la vie, répondre au téléphone dans un organisme d’aide aux femmes et enfants victimes de violence. Il pleut des mythes à propos de ces organismes et j’aimerais en déboulonner quelques-uns, parce que ça me brise le cœur de savoir qu’une tonne de personnes n’osent pas nous joindre. Dans l’espoir que ces quelques pistes apaisent les inquiétudes, calment les incertitudes et donnent envie de se laisser le droit d’aller chercher de l’aide. 

Vous ne nous dérangez pas. Promis. On est là pour ça, le téléphone est un outil de travail. Ne pas appeler pour ne pas nous déranger serait l’équivalent de ne pas aller à l’épicerie pour ne pas gosser le ou la caissier.ère. Je sais que ça peut sonner bizarre, mais on est contentes de répondre, contentes de savoir que vous ne vous isolez pas. 

Même si vous vous trompez de place, ce n’est pas grave. Tellement de personnes ont peur d'avoir, finalement, mal évalué la situation et qu’on ne serait pas le bon organisme pour elles. C’est vraiment rare. Habituellement, quand on est rendu à joindre un organisme, on s’est fait aller le coco depuis longtemps et on sait ce qu’on vit. Mais le syndrome de l’imposteur prend de la place.

Mettons que je suis folle. Mettons que j’exagère. Mettons que mon cas n’est pas prioritaire. Si ça peut vous rassurer, je n’ai jamais dit ça à personne en 7 ans de métier, et je n’ai jamais entendu aucune collègue dire cela non plus. 

Jamais la violence physique n’a été utilisée. Mais il n'y a pas que la violence physique. Les violences sont toutes aussi graves les unes que les autres. Donc « moins pire », ce n’est pas dans notre vocabulaire. Même que l’idée de faire une échelle de gravité des actes de violence, ça nous trouble vraiment beaucoup et va à l’encontre de toutes nos valeurs. Un cri, une insulte, de la peur, des humiliations, de la pression, des manipulations financières sont toutes des « bonnes » raisons pour aller chercher de l’aide. Si vous ne vous sentez pas bien dans votre relation, appelez. C’est notre boulot de vous accompagner là-dedans. 

Vous n'êtes pas obligée de téléphoner pour un hébergement. Vous pouvez appeler pour jaser de la situation, simplement. Pour vous faire valider, écouter. Vous n'êtes même pas obligée de donner votre nom si ça ne vous tente pas.
Pis, on n’est pas là pour vous dire de le ou la laisser. Ou pour vous juger si vous l’aimez. On est là pour vous aider à penser à vous, pour vous recentrer sur vos droits, pour vous accompagner dans une reprise de contrôle de votre vie. Avant d’être intervenantes, on est humaines. On a sûrement aimé du monde pas fin dans notre vie aussi et on sait qu’entre le cœur et la tête, il y a une galaxie d’incertitudes et de contradictions.

C’est correct de ne pas être certaine, de tester, d’essayer, d’avoir de la peine. Un rythme, ça se respecte, on en a tou.te.s un. Ça ne sert à rien de pousser ou de shamer une personne et c’est au cœur de notre approche. 

Si vous ne savez pas par où commencer, que vous ayez pris une décision ou pas, que vous soyez certaine de cette décision ou pas, que vous ayez 15 ou 83 ans, 8 enfants ou aucun, vous avez le droit d’être accompagnée. Nos organismes sont ouverts tout le temps. Genre, tout le temps, tout le temps. À 4 heures du matin, dans les vacances d’été, le soir de la Saint-Jean-Baptiste. 

S.O.S. Violence conjugale sert de centrale d’appel afin de vous diriger vers l’organisme de votre région. Et c’est gratuit si vous téléphonez d’une cabine téléphonique. Vous n'avez pas à être seule. 

1-800-363-9010

NDLR : L’auteure travaillant dans un centre principalement (mais pas que!) pour femmes victimes de violence conjugale, le texte est écrit au féminin. Mais les services de S.O.S. violence conjugale sont offerts à toutes les victimes de violence conjugale, quelque soit leur genre, leur orientation sexuelle, leur âge, leur origine ethnique, etc.

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