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J’étais cette personne-là, qui juge et dénigre les maladies mentales
Crédit: SpeedKingz/Shutterstock

Nous connaissons tous des gens qui croient que les maladies mentales, du moins une partie, n’existent pas. Que c’est « dans notre tête ». Que ça se « guérit » à coup de yoga, Pilates, relaxation ou de lectures comme Le Secret. Josiane et Carolane en parlent justement dans leur nouveau livre.
Nous connaissons tou.te.s au moins une personne qui a déjà durement jugé l’état d’une autre personne. À coup de regards réprobateurs, de commentaires méchants et déplacés. Ou qui a même laissé tomber certain.e.s de ses proches ou ami.e.s, parce que c’était rendu « trop lourd, trop intense ».

Je sais de quoi je parle. Parce que j’ai été cette personne-là.

Il fut une époque où je me croyais invincible. Carrément. Rien ni personne ne pouvait m’atteindre. C’est de ce moment-là de ma vie que me vient cette image de « bitch » et cet air bête, que je traîne toujours avec moi.

J’ai jugé des gens. Des tonnes. J’ai longtemps répété, à qui voulait l’entendre, que je ne voulais jamais ressembler à ma mère, qui souffrait de dépression. J’ai parlé dans le dos d’amies qui souffraient. J’ai ri d’elles. J’ai coupé les ponts. J'ai ri des rejets à l’école. De ceux.elles qui étaient différent.e.s.
Jusqu’au jour où je suis tombée de mon piédestal. Pis y était haut. Pas une petite chute, non : une débarque. Je suis tombée en dépression, à l’âge de 16 ans. C’est probablement même là que mon trouble d’anxiété généralisée s’est manifesté pour la première fois. Mais je n’en avais aucune idée, à l’époque. Et c'est là que je me suis fait servir ma propre médecine.

Les commentaires, les méchancetés, les regards, les ami.e.s qui sont parti.e.s, le rejet, l’intimidation, name it. Ce retour de balancier, je ne l’ai pas vécu seulement à cette époque. Il m'a suivie jusqu’à il y a encore quelques années. Le seul moment où je ne crois pas avoir reçu de jugements ou de commentaires, c’est quand j’ai été hospitalisée en psychiatrie. Y'a rien que je n'ai pas entendu. J'étais « lourde à supporter ». J'étais « négative ». J'« essayais de faire pitié ».

Si, comme moi, vous croyez au karma, ben laissez-moi vous dire qu’il m’attendait depuis longtemps. Ça m’a changée, ça m’a ouvert les yeux. C’est triste, je l’admets, que j'aie dû en arriver à une telle situation avant réaliser le mal que je faisais autour de moi. L’écrire, même aujourd’hui, c’est difficile.

Rendue de l'autre côté, je le vois, je le vis, à quel point c'est difficile pour #LesGens de faire preuve de compassion. D'écoute. 

Je n’ai jamais essayé de me trouver d’excuses pour ce que j’ai fait. Je ne me suis jamais justifiée non plus. Je le sais, aujourd’hui, que les jugements que nous portons sur autrui, c’est souvent le miroir de nos propres malaises et insécurités. Et si je mets autant d’efforts à en parler, à dénoncer, c’est aussi parce que j’essaie de me racheter (un peu) pour ce que j’ai pu faire et dire dans le passé. Maintenant, il m'est impossible de rester insensible aux problèmes de santé mentale. J'ai lu, je me suis éduquée. J'ai envie d'aider mon prochain.

Je ne suis personne, dans la vie, pour donner des conseils. Mais j’ai envie de dire que, si jamais vous vous retrouvez dans cette situation, où vous sentez que les jugements, les moqueries et l’incompréhension tentent de prendre le dessus… avant de laisser tomber une personne parce que c’est « trop lourd, trop intense », un peu d’écoute peut faire toute la différence du monde.
Ça, pis une grosse dose d’amour.

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