Dans l’esprit commun, le lien entre hip-hop et criminalité est souvent plus étroit que pour d’autres styles musicaux. Derrière cette association, parfois consciente, parfois inconsciente, se cache une forme de discrimination raciale.
Le hip-hop est né dans les années 70 à New York, d’une jeunesse afro-américaines qui n’avait que cette forme d’art comme arme pour se défendre face aux persécutions de la police, des institutions artistiques et de la société.
Malheureusement, il est facilement présumé que la musique hip-hop possèderait le monopole de la violence et de la misogynie. Ce genre d’arguments me rend particulièrement triste, surtout de la part de féministes qui refusent d’y prendre part.
D’abord, ce serait mal connaître le genre, d’assumer que cette minorité d’artistes qui pourraient potentiellement prôner de telles valeurs représenteraient le genre au complet. Par contre, ce qui est davantage problématique, c’est qu’il s’agit carrément d’une forme de profilage racial.
La musique hip-hop et les autres disciplines reliées (break-dancing, rap, etc.) sont nées d’un cri du cœur d’une communauté qui ne savait plus comment se faire entendre et comment se défendre. Comment parler de pauvreté, de dépression, d’oppression et surtout de racisme. Les préjugés sont dommageables pour tous les artistes qui tentent de dénoncer par leur rap.
Je suis féministe et j’écoute principalement du hip-hop parce que, la misogynie étant un élément profondément ancré dans la société et dans tous les styles musicaux, je prends la responsabilité de dénoncer ce qui en fait l’objet et de choisir d’écouter des artistes qui dénoncent. Personne ne boycotte le style rock au complet parce qu’une minorité d’artistes passe des messages douteux dans leurs paroles. Même la musique de Noël contient son lot de sexisme, mais personne ne boycotte Noël au complet pour cette unique raison.
La performance de Kendrick Lamar au Grammy’s 2016 (vidéo ici) est pour moi l’exemple ultime du hip-hop politique, en plus d’être assez actuel. Cette performance, c’est la première chose qui me vient en tête quand je pense à cet aspect du hip-hop. Kendrick se réapproprie non seulement le genre pour lui redonner son mandat, mais aussi la culture, celle des noirs, ainsi que celle du jazz.
Encore une fois, le hip-hop ne possède pas le monopole de la violence. Le vrai hip-hop est politique.